21 décembre 2006

Le Bal du comte d'Orgel

L'oeuvre de Raymond Radiguet, succinte, est composée d'un recueil de poésies Les Joues en Feu, publié en 1920, et deux romans : Le Diable au corps et Le Bal du comte d'Orgel dont il n'a pas pu revoir les épreuves, emporté par la typhoïde le 12 décembre 1923. Radiguet, qui a abandonné ses études pour se lancer dans le journalisme, fréquente les cercles artistiques de l'époque. C'est sa rencontre avec Cocteau, en 1918, qui marque véritablement la naissance de cet auteur prodigue. Avantgardiste, proche des Surréalistes, Radiguet développe cependant une écriture classique, notamment dans Le Diable au Corps.

Le Bal du comte d’Orgel est un roman qu'on a souvent rapproché de La Princesse de Clèves de Mme de La Fayette pour sa profondeur dans l’analyse psychologique. On y retrouve le classicisme exacerbé de Radiguet, tempéré par l’expérience sereine de Cocteau, qui, après la mort du jeune homme, a participé aux corrections des épreuves.
A propos de Raymond Radiguet, Cocteau écrira dans un article intitulé Cet élève qui devint mon maître (Les Nouvelles littéraires, artistiques et scientifiques - 5 juin 1952) : "Il est une plante qui parle, en quelque sorte. Dans Le Diable au corps, cette plante raconte le mystère de ses racines. Dans Le Bal du comte d’Orgel, cette plante donne sa fleur, et son parfum est parole."
http://www.alalettre.com/radiguet-intro.htm - Analyse du Diable au Corps par Clémence Camon

La librairie Loliée peut vous proposer :
- Le Bal du comte d'Orgel, Paris, 1924, in-12, broché, chemise et étui. Un des dix premiers exemplaires.

12 décembre 2006

Mac Orlan , auteur aux multiples talents

Pierre Dumarchey, alias Mac Orlan, naît en 1882 à Péronne. Il a un seul frère, qui deviendra légionnaire. Leur mère décède alors qu’ils sont encore très jeunes, et l’éducation de Mac Orlan se poursuit à Orléans chez la famille de celle-ci. Adolescent, il fréquente l’Ecole Normale Supérieure du Havre. Mais peu attiré par le métier d’instituteur, il s’enfuit pour tenter une carrière d’artiste peintre à Montmartre, qui sera son port d’attache, entre de multiples voyages, à Londres, en Belgique, en Italie. Le cabaret «Le Lapin Agile» l’accueille en compagnie de Max Jacob, Apollinaire, Carco, Dorgelès, Picasso, Vlaminck. En 1910, Mac Orlan essaie de placer des dessins humoristiques dans la revue «Le Rire». Gus Bofa, le rédacteur, préfère les légendes aux dessins et l’encourage à écrire des contes dont le succès le conduira à publier, en 1912, La Maison du retour écoeurant, roman d’aventures humoristique et insolite. C’est le début d’une carrière intense.
Mac Orlan écrit des récits fantastiques, se plaît également à décrire des mondes cosmopolites et marginaux comme dans La Bandera (1931). Il compose aussi des ouvrages où l'aventure surgit dans les rues de Montmartre, Rouen, ou au Havre comme dans Quai des Brumes, adapté au cinéma par Marcel Carné. Mac Orlan s'est fait connaître du grand public sur la fin de sa vie, par des chansons réalistes où il raconte sa jeunesse (La fille de Londres, La chanson de Margaret, Rose des bois, Nelly) et qui furent interprétées par les grands noms de la chanson française. "Poète de l’aventure", créateur du "fantastique social", producteur radiophonique, parolier, académicien français et Goncourt, Mac Orlan n’aura de cesse de produire, jusqu’à sa disparition en 1970.
Sources : www.rabac.com - www.terresdecrivains.com

La librairie Loliée peut vous proposer en édition originale...
- Petit Manuel du parfait aventurier. Paris, La Sirène, 1920, in-8, broché.
- Malice. Crès et Cie, 1923, in-12 broché.
- La Venus Internationale. Paris, N.R.F, 1923, in-8, broché.
- Les Pirates de l'avenue du Rhum (reportage). Paris, Sagittaire, 1925, in-12 à grandes marges, broché.
- Rue Saint-Vincent. Images Italiennes et Françaises. Paris, Editions du Capitole, 1928, in-8 carré, broché.
- Rhénanie. Paris, Emile Paul Frères, 1928, in-8, broché.
- Chroniques de la fin du monde. Paris, Emile-Paul frères, 1940, in-8, broché.

...et également en livres illustrés :
- L'Inflation sentimentale. Paris, La Renaissance du livre, 1923, in-4, broché, aquarelles originales de Chas-Laborde.
- Boutiques de la Foire, Paris, Marcel Seheur, 1926, petit in-4, broché, lithographies originales en couleurs de Lucien Boucher.
- Le Tombeau de Pascin, 1944, grand in-8, broché, gravures originales de Pascin.



04 décembre 2006

La Russie en 1839, un ouvrage politique majeur du Marquis de Custine

Né en pleine Révolution ( le 18 mars 1790), le marquis Alfonse de Custine connaît une existence agitée. Il est issu d'une riche famille aristocratique et est le petit fils du Général de Custine qui a commandé l'armée du Nord en 1793 et a été guillotiné par les Jacobins.

Très tôt, le Marquis de Custine est attiré par la littérature, sans doute influencé par l'écrivain Chateaubriand qui fut intimement lié à sa mère, Delphine de Sabran, pendant vingt ans. Il voyage beaucoup, notamment en Angleterre, en Ecosse, en Suisse, en Italie (1811-1822), en Espagne (1835) et en Russie (1839), consignant ses impressions et observations. Si ses récits de voyages remportent un franc succès, notamment la Russie en 1839, ses autres écrits, romans et pièces de théâtre, sont en revanche moins estimés.
Esprit critique et raffiné, parfois contradictoire et scandaleux, le Marquis de Custine, entre 1832 et 1857, entretient sa réputation de mécène et fait défiler chez lui le Tout-paris artistique : peintres, musiciens et surtout écrivains. Stendhal, Honoré de Balzac, Georges Sand, Victor Hugo ou Barbey d'Aurevilly participent aux soirées fastueuses à l'hôtel de la rue de la Rochefoucault et fréquentent les soirées intimes du château de Saint-Gratien. (Source : http://saintgratien.free.fr/custine.htm).

Dans La Russie en 1839, ouvrage en plusieurs volumes qui se présentent sous la forme de lettres envoyées à ses amis parisiens, le Marquis de Custine décrit et analyse la Russie au regard de sa société, la France de l'après Révolution. Le Marquis séjourna trois mois en Russie, durant l'été 1839, visitant de grandes villes dont Saint-Petersbourg et Moscou. Il est introduit auprès du Tsar Nicolas Ier et discute également avec des dissidents comme le philosophe Petr Tchaadaev.
Dès l'avant-propos, le Marquis de Custine dresse le constat lucide d'un aristocrate libéral et moraliste :
"Il me semblait qu'en disant la vérité sur la Russie, je ferais une chose neuve et hardie : jusqu'à présent la peur et l'intérêt ont dicté des éloges exagérés ; la haine a fait publier des calomnies : je ne crains ni l'un ni l'autre écueil. J'allais en Russie pour y chercher des arguments contre le gouvernement représentatif, j'en reviens partisan des constitutions."
Ouvrage majeur qui ne compte pas moins de six rééditions, La Russie en 1839 est aussi important dans la littérature politique que l'essai de Tocqueville De la démocratie en Amérique, dont il est souvent considéré comme le pendant.

Actuellement à la Librairie Loliée :
La Russie en 1839
, Paris, d'Amyot, 1843, 4 volumes, in-8, en reliure de l'époque.

27 novembre 2006

Le Paradis Musulman

Grande figure de l'illustration Art Déco, d'origine suisse, François-Louis Schmied s'est installé à Paris au début du 20ème siècle et y a vécu jusqu'au milieu des années 30, avant de s'installer au Maroc. Il a publié de luxueux livres, illustrant des oeuvres de la littérature classique comme l'Odyssée d'Homère, ou encore des récits orientalistes, alors à l'honneur. Ainsi, Le Paradis Musulman de Joseph-Charles Mardrus, docteur né au Caire qui se fera connaître par sa nouvelle traduction des Mille et Une Nuits. Le Paradis Musulman est la troisième collaboration entre les deux hommes, après La Création (1928) et Le Livre de la Vérité de la Parole (1929).

Schmied, qu'on pourrait qualifier de designer tant il accorde une importance à l'agencement de ses publications, travaillera également avec le laqueur Jean Dunand. Il faut dire qu'avec Schmied, l’illustration est pensée comme une décoration : ses couleurs sont matières, sa mise en page, architecture. La typographie s'organise comme une structure harmonieuse, jouant sur les symétries. Le Paradis Musulman est, à juste titre, considéré comme l'un de ses meilleurs ouvrages.

Actuellement à la Librairie Loliée, vous pourrez trouver, entre autres, Le Paradis Musulman, 1930, in-4, en feuilles, couverture illustrée, chemise et étui de l'éditeur.

21 novembre 2006

La Princesse de Clèves

La Princesse de Clèves de Mme de La Fayette (1634-1693) est souvent considéré comme le premier roman moderne de la littérature française. La scène se déroule au 16ème siècle, à la cour d'Henry II. Mlle de Chartres, âgée de seize ans, garde la tête froide devant les hommages que suscite sa beauté. Elle épouse le Prince de Clèves dont l'amour et la constance touchent sa vertu. Peu de temps après, la Princesse de Clèves est présentée au Duc de Nemours qui jette le trouble dans sa paisible existence... Le récit, au-delà des splendeurs de la Cour, fait une place de choix à la dimension psychologique des personnnages.

Que Marie Laurencin, peintre de la féminité, ait illustré ce livre n'est pas anodin. Son style caractéristique, fait de couleurs raffinées, toujours tendres, où l'accent est mis sur la nuance plus que sur l'expression, correspond parfaitement au récit de cette grande passion faite de retenue. Les dix eaux-fortes, dont le frontispice et cinq hors-texte, résonnent harmonieusement avec le texte de Mme de La Fayette.

Actuellement à la librairie Loliée :
La princesse de Clèves, Paris, Robert Laffont, 1947, in-4 en feuilles, chemise et étui de l'éditeur. Tirage à 300 exemplaires sur vélin pur fil du Marais.
Exemplaire comprenant également la suite complète des gravures en couleurs de Marie Laurencin.

14 novembre 2006

Rues et Visages de New York

Charles Laborde (1886-1941), connu aussi sous le nom de Chas-Laborde, est né à Buenos-Aires, en Argentine, de parents français. Il a étudié à Paris, à l'Académie Julian et aux Beaux-Arts. A quinze ans, il commence à vendre des dessins aux journaux satiriques de la capitale.
Après la première guerre mondiale à laquelle il participe, Charles Labordes voyage à travers l'Angleterre. Il croque la vie bourgeoise et publie ses dessins dans les journaux Le Rire Rouge et La Baionnette. Chas-Laborde s'établit alors définitivement comme illustrateur. Il se moque avec plaisir de son propre milieu, caricature les snobs et aristocrates de l'entre-deux guerre. Influencé par l'artiste allemand Georg Grosz, auquel on compare souvent son travail, Chas-Laborde a illustré de nombreux romans.

Il est également celui qui a croqué les rues et visages des grandes villes du monde occidental dans une série bien connue des bibliophiles :
- Rues et Visages de Paris, texte Valery Larbaud
- Rues et Visages de Londres, texte Pierre Mac Orlan
- Rues et Visages de Berlin, texte de Jean Giradoux
- Rue et Visages de Moscou, texte de Chas-Laborde lui-même
- Rue et Visages de New York, texte de Paul Morand

Le dernier ouvrage de la série, publié en 1950, Rues et visages de New York, est posthume à Chas-Laborde. Sur chaque page du port-folio, texte et illustration se complètent pour faire la critique des codes sociaux et culturels du melting-pot New yorkais. Le livre sitgmatise les artifices de la ville pour mieux dévoiler le fossé qui sépare les riches et les pauvres.

Actuellement à la Librairie Loliée :
- Rues et Visages de New-York, texte de Paul Morand - eaux fortes et dessins de Chas-Laborde, Paris, Lacourière, 1950, in folio, en feuilles, portefeuille cartonné illustré de l'éditeur. Un des 200 exemplaires sur vélin d'Arches.
- Rues et Visages de Berlin, texte de Jean Giradoux - eaux fortes et dessins de Chas-Laborde, Paris, La Roseraie, 1930, in folio, en feuilles, portefeuille cartonné illustré de l'éditeur. Un des 90 exemplaires sur vélin d'Arches.





03 novembre 2006

Le Voyage d'Urien

Le Voyage d'Urien (1893) d'André Gide, et illustré dans son édition originale par Maurice Denis, est une oeuvre ambiguë et transitoire. Le jeune Gide revendique puis subit le Symbolisme dominant de cette fin de siècle, mouvement dont il cherche à se détacher. Le Voyage d'Urien entame la lente libération de son écriture, dégagée des contraintes de la morale et des codes littéraires. Au cours de son périple, Urien et ses vingt compagnons voguent d'un "océan pathétique" à "une mer glaciale", accostent sur des îles enchantées, succombent à une maladie contagieuse, aboutissent dans une pays peuplé de zombies esquimaux... Ellis, la soeur d'Urien, lui révèle le sens mystique de cette aventure qui, au final, ne mènera à rien. Le titre est un jeu de mots : Le Voyage d'Urien, du rien. Le livre finit par ces mots : "nous n'avons pas fait ce voyage", "tout ce livre n'est que mensonge". Avec cette oeuvre, Gide s'interroge sur l'écriture, se détourne de la sacralisation de l'entreprise poétique au profit d'une esthétique de l'ironie.

L'amitié qui a uni André Gide et Maurice Denis est née de leur collaboration sur Le Voyage d'Urien et dura jusqu'à la mort du peintre. En 1893, bien qu'aussi jeune que Gide, Maurice Denis est déjà le théoricien du groupe des Nabis. Il est sûr de son talent et de ses valeurs. Il permet à Gide d'asseoir ses positions, de se dégager du symbolisme. Plus que de simples illustrations, ses lithographies ont véritablement participé à la création de ce roman.

Actuellement à la librairie Loliée, l'édition originale (tirage à 300 exemplaires, 29 lithographies originales de Maurice Denis) dans une belle reliure plein maroquin rouge janséniste de Knoderer.

- André Gide - Maurice Denis - Correspondance 1892-1945, Paris, Gallimard, 2006
-
Exposition Maurice Denis au Musée D'Orsay à Paris du 31 Octobre 2006 au 21 Janvier 2007

26 octobre 2006

Cahiers G.L.M



C'est en Mai 1936 que Guy Lévis-Mano (1904-1980) poète, traducteur et éditeur lança la publication de ces cahiers auxquels participèrent de nombreux artistes liés à la mouvance surréaliste. Cette importante revue est composée de 9 numéros (de 1936 à 1939) dont le septième, consacré au Rêve, fut dirigé par André Breton. Chaque numéro propose des éditions originales de poèmes, entre autres, de René Char, Paul Eluard, Henri Michaux mais également des traductions de textes de Frank Kafka ou encore Lewis Carroll. Parmi les illustrations, hors texte, se trouvent des dessins de Bellmer, Masson, Dali, Chirico mais également des photographies de Man Ray.

Il existe une seconde série plus tardive (1955), composée de 6 numéros.

Actuellement à la librairie Loliée, la collection complète et rare de la première série (9 vol. in-12 carré, brochés, emboîtage demi-parchemin).

- premier cahier mai 1936 :
Henri Michaux, Gisèle Prassinos, Valentine Penrose, Hans Bellmer, Pierre Robin, Carrouges.
- deuxième cahier juillet 1936 :
Pierre Jean Jouve, Tristan Tzara, Deux Enfants, Franz Kafka, Guy Lévis-Mano, René-Jean Clos, A. Rolland de Renéville, André Masson, René Laporte, Jean Le Louet, Pierre Courthion.
- troisième cahier novembre 1936 :
Paul Eluard, René Char, Jean Scutenaire, Man Ray, Pierre Mabille, Maurice Blanchard, Herman Grégoire, Louis Parrot, Federico Garcia-Lorca.
- quatrième cahier mars 1937 :
Federico Garcia Lorca, Pierre Jean Jouve, David Gascoyne, Fernad Marc, Léon Damas, Henri El Kayem, Henri Michaux, Philippe Soupault, Caresse Crosby, Thérèse Aubray, Roger Lannes, Adrien Copperie, Halina Izdebska, Serge Essenine, René Roux, Jacques Baron, Carrouges, Jean Mario Prassinos.
- cinquième cahier avril 1937 :
René Crevel, Gisèle Prassinos, Pablo Neruda, Alfredo Gangotena, Kurt Seligmann, Franz Kafka, Lise Deharme, Basile Sainte-Croix, Monny de Boully, Claude Sernet, Jean Le Louet.
- sixième cahier novembre 1937 :
Franz Kafka, Paul Eluard, Maurice Blanchard, Jacques Prévert, André Ray, Lucien Coutaud, Guy Lévis-Mano, René Char, Achille Chavée, Armel Guerne, Pierre Mabille.
- septième cahier mars 1938 :
Albert Beguin, Paracelse, Georg Christoph Lichtenberg, Carl-Philipp Moritz, Albrecht Dürer, Jérôme Cardan, Pouchkine, Xavier Forneret, Lucas, André Breton, Marcel Lecomte, Michel Leiris, Ferdinand Alquie, Benjamin Peret, Pierre Mabille, Paul Eluard, Guy Lévis-Mano, Gui Rosey, Maurice Blanchard, Georges Hugnet, Gisèle Prassinos, Georges Mouton, Armel Guerne, Henri Pastoureau, J.M. Belleval, Alexei Remizov.
- huitième cahier octobre 1938 :
Georges Roux, Georges Schéhadé, Alexei Remizov, Fernand Marc, Leonora Carrington, Jacqueline Allan, René Char, Max Bucaille.
- neuvième cahier mars 1939 :
Lewis Caroll, Maurice Blanchard, Joe Bousquet, Raymond Roussel, Michel Leiris, Varbanesco.

17 octobre 2006

Paroles Peintes, la synthèse entre l'image et l'écrit

Jean Paulhan et André Pieyre de Mandiargues qui ont frequenté un temps le cercle surréaliste et en ont gardé une franche amitié, ont grandement influencé la parution d'une collection hors norme, composée de 5 numéros publiés entre 1962 et 1975 : les Paroles Peintes. Le concept est simple : mettre en résonnance une gravure et un poème.

Une courte introduction (Tome I) précise la démarche de ce collectif :
"Le couple peintre-poète ou la gravure considérée comme une traduction. La poésie veut donc être universelle. Mais la parole plonge ses racines dans le sol natal. Le peintre, lui, est libre. Ne pourrait-on pas considérer la gravure comme une sorte de traduction Une transmutation du poème. Le poème offert au regard, directement intelligible, antérieur à Babel."

Au fil des numéros, de grands noms se sont essayés à cet exercice. Ainsi, on retrouve dans les trois premiers tomes, considérés comme les meilleurs, des gravures de Chagall, Zadkine, Ernst, Braque, Giacometti, Alechinsky, Miro et des poèmes d'Aragon, Arp, Mandiargues, Paz, Queneau.

La Librairie propose actuellement deux éditions originales sur pur fil Johannot (tirage à 200 exemplaires). L'un en feuilles avec chemises et étuis (tome I et II), l'autre relié par Creuzevault (tome I, II et III).

Paroles Peintes I. Paris éditions O. Lazar-Vernet, 1962, in folio :
Aragon/Chagall - Arp/Magnelli - Birot/Zadkine - Follain/Gilioli - Guillevic/Ubac - Joyeux/Bissières - Laude/Jacobsen - Lescure/Fiorini - Liberati/Ernst - Pieyre de Mandiargues/Bona - Paulhan/Braque - de Solier/Dufour - Tapié/Lepatre - Tardieu/Vieillard.

Paroles Peintes II. Paris éditions O. Lazar-Vernet, 1965, in folio :
de Bayser/Vieira da Silva - Boissonnas/Giacometti - Bosquet/Serpan - Cassou/Vessereau - Clancier/Bryen - Daguet/Wogensky - Dotremont/Alechinsky - Grosjean/Deyrolle - Jouffroy/Lam - Magnelli/Arp - Oster/Sugaï - Paz/Zanartu - Queneau/Baj - G. Trakl/Wessel - Ungaretti/Fautrier.

Paroles Peintes III. Paris, éditions O. Lazar-Vernet, 1967, in folio :
Aldan/Mothewell - Cartier-Bresson/Calder - Deguy/Perez-Roman - Gilbert-lecomte/Sima - Pyere de Mandiargues/Miro - Roche/Hundertwasser - Takemoto/Yoshihara.

04 octobre 2006

Les Placards de Proust


Marcel Proust ne corrigeait pas les épreuves de ses manuscrits, il y ajoutait, débordant sur les marges, notes et paragraphes entiers destinés à compléter sa vision première. De cette manie, sont nés les placards - sorte de collages sur grandes feuilles des pages des épreuves, entre lesquelles Proust écrivait ses ajouts.

A la demande de Proust lui-même, une "version longue" d'A l'ombre des Jeunes Filles en Fleurs - édition dite de luxe - a été imprimée sur papier bible, reproduisant l'intégralité des placards des épreuves d'imprimerie.

Evénement suffisamment rare pour le signaler, un de ces placards (le numéro 35) sera visible à Drouot dans le cadre de la vente Lettres et Manuscrits Autographes - mercredi 18 octobre, Drouot - salle 2.
Pour de plus amples informations contacter l'étude Renaud-Giquello.