31 juillet 2009

fermeture annuelle 2009

Chers lecteurs,
La librairie sera fermée du 01 au 23 août.
Au plaisir de vous retrouver à la rentrée.

22 juillet 2009

Vicente Huidobro, créationiste

Vicente Huidobro (1893-1948), poète issu de l'aristocratie chilienne, publie ses premiers texte au tout début des années 1910. En 1916, il rejoint l'Europe avec femme et enfants et navigue entre Paris et Madrid. Il fréquente les Surréalistes et l'avant-garde espagnole. Refusant l'autorité d'André Breton, il commence à théoriser le Créationnisme, mouvement qui milite pour une poésie libérée de toute référence, totalement inventée :"Créer un poème en empruntant à la vie ses motifs et en les transformant pour leur donner une vie nouvelle indépendante (...) Rien d'anecdotique ni de descriptif (...) Faire un poème comme la nature fait un arbre". [in Manifestes, p.49, éditions de la Revue Mondiale, 1925].
A Madrid, il influence la naissance de l'Ultraïsme, mouvement littéraire espagnol qui entend dépasser les normes esthétiques de l'époque. Huidobro publie d'autres recueils, collabore à la publication de différentes revues (Nord-Sud, L'Esprit Nouveau, les revues espagnoles La Revista Cervantes, Ultra, etc.). En 1925, il retourne au Chili pour fonder un journal politique, Acción, qui dénonce les activités frauduleuses de politiciens en place. Certains le préssentent pour être candidat à la Présidence. Le poète échappe à un attentat et fuit le pays. Il poursuit son œuvre poétique et ses activités politiques depuis la France et l'Espagne et retourne, quelques années après, au Chili.
N'hésitant jamais à juger ses pairs, Vicente Huidobro est souvent perçu comme un homme à l'égo imposant. S'il est vrai que ses opinions sont tranchées, parfois acerbes et empruntes d'une confiance toute aristocratique, il n'en reste pas moins une figure incontournable de l'époque, considéré avec Pablo Neruda - autre personnalité avec Breton qu'il ne cessera de critiquer - comme un des plus importants poètes chiliens.

Actuellement, la librairie Loliée propose :
  • Manifestes Manisfeste Manifest Manifes Manife Manif Mani Man Ma M. Paris, Éditions de la Revue Mondiale, 1925, in-12, broché. Édition originale.
  • Tout à coup. Poèmes. Paris, Au Sans Pareil, 1925, in-12, broché. Édition originale ornée en frontispice d’un portrait de l’auteur par Picasso.
  • Tremblement de ciel. Avec un portait de l’auteur par Juan Gris. Paris, Éditions de l’As de Cœur, 1932, in-12, broché. Première édition française enrichie d’un envoi autographe signé de l’auteur au peintre Joseph Sima.

16 juillet 2009

L'équilibre des formes encadrées de Le Yaouanc



"Pas seulement ici, mais dans des collages par exemple, il arrive chez Le Yaouanc que le cadrage, les marges ménagées, la situation de la chose peinte ou taillée, ou collée, prennent une importance prédominante par rapport au motif présenté, auquel n'est pas donné tout l'espace ouvrable de la toile, du collage, de la gravure. Le Peintre s'y fait encadreur, c'est à dire situe le motif (la chose dite) dans un rectangle ou un ovale, par exemple, qui ménage des marges, parfois successives, au papier, à la toile, à ce qui pourrait passer pour être l'essentiel de l'oeuvre, ajoute à l'équilibre de la composition, du dessin, une sorte de suspension, au milieu ou pas, de marges teintées comme s'il y avait même accumulation de cadres à la nature que je n'ose dire morte, il vaudrait mieux appeler cela l'équilibre des formes encadrées."
Louis Aragon - "Pierre sur Pierre" in Le Yaouanc Lithographies - La Pierre d'Angle - 1975



Actuellement, la librairie loliée propose :
  • Le Yaouanc (Alain) – Aragon (Louis). Le Yaouanc Lithographies. Paris, La Pierre d’Angle, 1975, in-folio, en feuilles, chemise d’éditeur noire. Édition originale de « Pierre sur Pierre », en français et anglais, texte d’Aragon qui interprète cette suite de 63 lithographies en couleurs d'Alain Le Yaouanc. Un des 150 exemplaires sur vélin d’Arches numérotés et signés par Louis Aragon et Alain Le Yaouanc, et comportant une lithographie originale numérotée et signée par l’artiste.
  • Derrière le Miroir. Le Yaouanc. Paris, Maeght, n°176 – 1970, grand in-4, en feuilles, couverture illustrée, emboîtage d’éditeur. Numéro édité pour l'exposition de Le Youanc à la Galerie Maeght. Un des 150 exemplaires sur vélin de Lana numérotés et signés par l’artiste, comprenant 8 lithographies originales en couleurs, dont 2 en double page et 1 en triple page.

08 juillet 2009

Marie-Antoinette sous le fervent regard de Léon Bloy

En 1877, Léon Bloy écrit La Chevalière de la Mort, un de ses premiers textes. Cette mince étude ne parait qu'en 1891, dans une revue de Gand et sous un tirage limité à 100 exemplaires. Bloy, à la manière de Thomas Carlyle, dont il admire le sens de l'histoire, essaie de poser un regard visionnaire et mystique sur la figure de Marie-Antoinette : "Marie-Antoinette n'est ni profondément touchante, elle ne s'empare des âmes avec une si souveraine puissance d'émotion que parce qu'elle n'est pas une sainte." Le ton est souvent provocateur et humoristique : "Quand à cette pauvre Marie-Antoinette, elle vint en France comme ce délicieux arc-en-ciel du matin qui présage dit-on, le mauvais temps". Il qualifie Louis XVI de ce "Rien des Lys" et poursuit : "Marie-Antoinette couchée pendant vingt ans en travers du cœur de Louis XVI, comme le Prophète sur le cadavre de l'enfant mort pour le ressusciter, n'en put jamais obtenir cette palpitation de généreuse fureur qui aurait peut-être suffi pour dégonfler la vessie du bavardage révolutionnaire et, dans tous les cas, aurait honoré, du moins, sa pauvre mémoire."
Léon Bloy, faisant de la pauvre Reine condamnée une héroïne iconique, conclut,lyrique : "Elle naquit le jour des larmes, elle vécut une partie de sa vie dans les larmes dévorées, ses derniers jours dans les larmes répandues en pluie, en torrents et, enfin, sa mort, sujet de tant d'autres larmes, fut le Dies iroe, de l'ensevelissement d'une génération, d'une aristocratie, d'un trône et d'un monde".
(photo : étude préparatoire pour le portrait officiel de Marie-Antoinette peinte par Élisabeth Vigée Le Brun en 1778).

Actuellement, la librairie Loliée propose :
  • Bloy (Léon). La Chevalière de la mort. Gand, Typographie Siffer, 1891, in-12, plein maroquin bleu nuit janséniste, dos à nerfs, doublures de maroquin bleu nuit, gardes de soie grise, tranches dorées sur témoins, couvertures et dos conservés, chemise et étui (Huser). Édition originale. Tirage limité à 100 exemplaires. Ex-libris Marcel de Merre.

01 juillet 2009

Magloire-Saint-Aude, révolté solitaire

Dans les années 1940 et 1950, le poète haïtien Clément Magloire-Saint-Aude (1912-1971) est une figure singulière, celle d'un révolté solitaire. Il consacre sa vie au journalisme et vit dans un quartier pauvre de Port-au-Prince, dont la vie nocturne l'inspire. En 1941, il publie coup sur coup deux recueils, Dialogue de mes lampes et Tabou. Son écriture, hermétique et opaque, provoque l'admiration des surréalistes et notamment d'André Breton qui le rencontre en décembre 1945. L'auteur haïtien, malgré sa gloire nouvelle, refuse de s'engager publiquement et poursuit son aventure solitaire. En 1949, parait son roman Parias dans lequel il décrit les milieux qu'il côtoie. En 1956, parait Déchu son dernier recueil de poésie. Il sombre peu à peu dans l'alcool. François Duvalier, président de la République haïtienne, lui accorde alors en 1967 une allocation mensuelle pour lui permettre de se maintenir. Magloire-Saint-Aude n'écrit guère, si ce n'est quelques articles souvent virulents. Il meurt en 1971, laissant pour seule trace de sa vie secrète une œuvre poétique d'une grande fulgurance.


Aux exploits du poète las,
Mon vitrail disloqué
Aux rails de la mélodie.

Pour ma belle fille naufragée,
Tel l'harmonica du voyou.

Vers l'araignée fêlée
des stances moissonnées.

Sur le buvard aveugle
De mes talents éteints.

extrait du recueil Déchu.

Actuellement, la librairie loliée propose :
  • Magloire-Saint-Aude. Dialogue de mes lampes suivi de Tabou et de Déchu. Illustrations de Wifredo Lam, Hervé Télémaque, Jorge Camacho. Paris, chez Jacques Veuillet, collection « Première personne », 1970, in-8, broché, couverture rempliée. Première édition collective illustrée de 3 figures d'après les eaux-fortes de Jorge Camacho, Wilfredo Lam et Hervé Télémaque.