16 avril 2009

De Jean Cocteau à Jean Marais


Le 27 avril prochain, à Drouot, se vendront les biens ayant appartenu à Jean Marais, dont un ensemble de livres, autographes et manuscrits. Une des pièces les plus importantes, et aussi les plus touchantes, est la correspondance de Jean Cocteau à Jean Marais. Cet exceptionnel ensemble s'étale sur 25 ans, jusqu'au décès de Cocteau en 1963. A la lecture de ces lettres, on est frappé par la force de l'amour que l'auteur porte au jeune acteur, rencontré en 1937, et auquel il écrit en 1938 :
"Mon Jeannot adoré je suis arrivé à t'aimer si fort (plus que tout au monde) que je me suis donné l'ordre de ne t'aimer que comme un papa et je voudrais que tu saches que ce n'est pas parce que je t'aime moins mais davantage."
"Jeannot la bêtise des amoureux est immense, végétale, animale, astrale. Que faire? Comment te faire comprendre que je n'existe plus en dehors de toi. "

En 1942, Jean Marais rencontre l'actrice Mila Parély sur le tournage de Le Lit à Colonnes. Il tombe éperdument amoureux et la retrouve sur le tournage de La Belle et la Bête en 1945 sous la direction de Coteau. Ce dernier, dans une lettre datée de février de cette même année, ne s'embarrasse oas de cette passion entre les deux acteurs et écrit :
"Mila est convaincue que tu l'épouses - après tout ce ne serait pas si mal. Elle disait : "il faut que je le saches car alors je changerais toute ma vie" (d'un air très grave)...".

Au fil des ans, les lettres conservent la même intensité :
"Mon Jeannot, tu ne peux imaginer mon bonheur d'avoir passé quelques jours aurès de toi. J'ai attendu que l'avion disparaisse au-dessus des montagnes avec le cœur dans la gorge. Et ensuite, dans la voiture, j'avais envie de pleurer..." (11 juillet 1952)
"Mon bon ange me voilà de retour afin de répéter "l'Aigle". je n'ai pas voulu remplacer l'irremplaçable, ce qui serait une tentative ridicule. C'est pourquoi je m'efforce de dresser un jeune inconnu [...] Comment t'atteindre? ton Jean." (4 juin 1960).

Succession de Monsieur Jean Marais
Consultant pour les livres, manuscrits et autographes : M. Erwan de Kerangué - Librairie Loliée
Expositions publiques le vendredi 24 avril et samedi 25 avril de 11h00 à 18h00.
Vente le lundi 27 avril à Drouot.
Pour obtenir le catalogue, veuillez contacter l'étude Fraysse & Associés : 01 53 45 92 10.
Photo reproduite : Studio Sebert.

08 avril 2009

Les Costumes pour le théâtre de George Barbier

"George Barbier est un des artistes les plus précieux et les plus significatif de notre époque, pourtant si riche en talents de toute espèce et en esprits de toute origine. Quand notre temps aura sombré comme tant d'autres dans la poussière des choses mortes, quand tout ce qui est flamme aujourd'hui sera cendre et poussière, il suffira de quelques aquarelles, de quelques dessins de lui, pour ressusciter le goût même et l'esprit des années que nous venons de vivre [...] Quand je regarde les costumes de théâtre de George Barbier, j'ai l'impression que ce sont les personnages de ces contes féériques qui s'animent devant moi et qui vont tenter mon imagination." Edmond Jaloux - in Préface au Vingt-cinq Costumes pour le théâtre.

Costumes créés pour Lysistrata de Maurice Donnay
à gauche : Agathos - à droite : un guerrier.


Actuellement, la librairie Loliée propose :
  • Barbier (George). Vingt-cinq Costumes pour le Théâtre. Préface par Edmond Jaloux. Paris, Bloch, 1927, in-4, broché, couverture illustrée d’une gravure originale. Rare ouvrage illustré d’un beau portrait gravé par Charles Martin et 25 planches hors-texte rehaussées d’aquarelle et d’argent de Georges Barbier. Tirage limité à 300 exemplaires sur papier gris-bleu.

02 avril 2009

Sous le prisme de BIEF

Le retour au pouvoir en 1958 du Général de Gaulle, suite à la crise algérienne, est ressenti comme un coup d'état fasciste par le groupe surréaliste. Sous la houlette d'André Breton, son fidèle collaborateur, Gérard Legrand mobilise la nouvelle-garde du mouvement - notamment José Pierre, Robert Benayoun et Jean Schuster, pour créer la revue BIEF, un organe de jonction surréaliste destiné à relier les prises de position du groupe. "Aux écluse du Surréalisme, qu'il soit entendu une fois pour toutes que l'eau qui monte et qui descend reste la même, et cependant se renouvelle toujours : BIEF tentera de cerner, chaque mois, le reflet de cette eau." (in n°1 - 15 novembre 1958).
On découvre au fil des pages des textes à orientation politique, comme l'article de José Pierre paru dans le n°5 - 15 mars 1959 et intitulé "Un peuple qui se décompose". L'auteur s'inquiète de "l'écœurement passif" de la jeunesse dont une partie rentre d'Algérie et s'insurge : "Que l'on cesse de monter en épingle Jeanne d'Arc, les campagnes de Louis XIV ou de Napoléon! Et que les rares éléments qui ne soient pas pourris, assurent à la jeunesse une vraie formation intellectuelle et révolutionnaire. Tout n'est peut-être pas perdu."
BIEF propose également des critiques littéraires et artistiques et aussi, une rubrique tenue par Joyce Mansour à la tonalité joliment provocatrice. A noter que la couverture du numéro 9, paru le 1 Décembre 1959 est consacrée à Benjamin Péret, disparu quelques mois plus tôt, et qui contribua à la revue.

Actuellement, la librairie Loliée propose :
  • [REVUE] BIEF. Jonction surréaliste. N°1 à N°12, novembre 1958 - avril 1960. Paris, Le Terrain Vague, 11 fascicules in-4 agrafés, emboitage d’éditeur. Collection complète, en édition de luxe, de cette revue surréaliste proposant des illustrations de Benjamin Péret, Hans Bellmer, Jean-Jacques Lebel, Robert Lagarde, Arshile Gorky, Toyen, Mimi Parent, Wolfgang Paalen, etc. Textes de Legrand, Breton, Arp, Mansour, Legrand, Schuster, Péret, etc.