28 octobre 2010

Le New York d'Arrabal

En 1973, les éditions Balland publient un livre de photographie dans lequel Arrabal rapporte quelques clichés d'un séjour à New-York. Au total, : 55 photographies commentées par l'artiste et un récit de voyage en guise d'introduction. Extrait :
Allen Ginsberg m'appelle dans la rue. Voilà dix ans que je ne le voyais pas, je le reconnais à peine. Il m'emmène dans son appartement de la 11e rue, dans le secteur le plus pauvre du quartier portoricain. Le thé boue dans une casserole bosselée et il le sert dans des verres qui aspirent à devenir des cendriers de café. Il me parle de son voyage aux Indes et des cadavres qui sont incinérés près du Gange. Lorsque nous sortons dans la rue les enfants crient : "Es el profeta!"
Dieu devint fou et se prit pour une motocyclette et puis il créa l'homme à son image

What? Beckett lui-même au coin d'une rue ! Oui New York est merveilleux !

Actuellement, la librairie propose :
  • Arrabal. Le New York d’Arrabal. Paris, Balland, 1973, in-8 carré, broché, couverture illustrée. Édition originale comportant 55 reproductions photographiques en noir et blanc commentées par l’artiste.
  • Arrabal. Les Arrabeaux d’Avignon. Caprices Cannibales. Avignon, Médiathèque Ceccano, 1994, in-16, broché. Édition originale comportant trois poèmes inédits de Fernando Arrabal. Catalogué édité à l’occasion de l’exposition consacrée à Arrabal qui se tint du 20 octobre au 10 novembre 1994 à la médiathèque Ceccano d’Avignon.

20 octobre 2010

Fautrier / Zadkine : deux visions de Lespugue de Robert Ganzo

La poésie de Robert Ganzo (1898-2006), classique dans la forme et moderne dans l'intensité et la clarté, a inspiré bon nombre de peintres. Lespugue, second recueil du poète paru en 1940, est d'abord illustré par Jean Fautrier et édité en 1942 avec des lithographies imprimées chez Mourlot Frères. La femme qu'imagine le peintre est tout en rondeurs et courbes, évoquant la Vénus de Lespugue après laquelle Ganzo nomma son recueil. En 1966, Ossip Zadkine donne à voir une vision plus cubiste, plus tiraillée du poème.
(A consulter : l'article de Pierre Assouline sur son blog la République des Livres)


Actuellement, la librairie Loliée propose :
  • Fautrier (Jean) - Ganzo (Robert). Lespugue. Avec 11 lithographies originales de Jean Fautrier. S.l. (Paris), s.n.é., 1942, in-4 à l’italienne, en feuilles, couverture rempliée. Édition ornée de 11 lithographies originales dont 10 hors texte de Jean Fautrier. Tirage limité à 123 exemplaires numérotés par l’auteur et l’illustrateur, celui-ci un des 90 exemplaires sur Chine.
  • Zadkine (Ossip) - Ganzo (Robert). Lespugue. Illustré par Ossip Zadkine. Paris, Marcel Sautier, 1966, in-8, en feuilles, couverture imprimée, boîte étui compartimentée en cèdre (Antonio Perez-Noriega). Édition ornée de 6 eaux-fortes originales hors-texte de Zadkine, dont une sur double page. Tirage limité à 200 exemplaires numérotés, signés par l’auteur et l’artiste. Un des 19 exemplaires sur Japon Nacré comportant une double suite des gravures sur Japon nacré, en premier état tiré en noir et à l’état définitif en bistre, chaque épreuve signée par l’artiste. Exemplaire enrichi de deux envois autographes signés de l’auteur (datées respectivement 1966 et 1979) et un envoi autographe signé de Zadkine. JOINT : Ganzo (Robert). Lespugue. S.l.n.é, 1940, in-12, en feuilles, couverture imprimée. Édition originale illustrée en frontispice d’un dessin de J. Thomas réalisé d’après la statuette aurignacienne découverte à Lespugue. Un des 100 premiers exemplaires sur vieux Japon, enrichi d’une seconde épreuve du frontispice et d’un envoi autographe signé de l’auteur au libraire Marx Delattre.

14 octobre 2010

Robert Pouyaud / César Geoffray : rencontre à Moly-Sabata

Moly-Sabata est une colonie artistique créée par Albert Gleizes (1881-1953) et sa femme Juliette Roche en 1927, sur les rive du Rhône, à Sablons. Robert Pouyaud (1901-1970), un des tous premiers élèves du peintre cubiste, s'installe avec sa femme dans la région et aide Gleizes à réhabiliter cet ancien couvent qui, d'abord loué puis acheté en 1938, deviendra un lieu de refuge et de création pour les contestataires désireux d'échapper à la société machiniste de l'époque. Parmi les résidents les plus investis : la sculptrice Anne Dangar (1886-1951), le compositeur César Geoffray (1901-1972). C'est avec ce dernier que Robert Pouyaud réalise et édite le recueil Suite de sons et de couleurs pour piano. Les 3 pochoirs qui illustrent l'ouvrage sont représentatifs du style cubiste qui privilégie le plan, les volumes, la multiplicité des points de vue. Robert Pouyaud et sa famille quitteront peu après l'aventure pour s'installer à Asnières-sous-bois. Moly-Sabata est toujours une résidence d'artistes qui accueille plasticiens et écrivains.
(sources : moly-sabata.com, fondationgleizes.fr)

Actuellement, la librairie Loliée propose :
  • Pouyaud (R.) - Geoffray (C.). Suite de sons et de couleurs pour Piano. Moly-Sabata [résidence d'artistes d'Albert Gleizes, Isère], éditions Sablons, 1931, in-folio, broché, couverture bleu-gris imprimée en noir et bleu. Partition musicale sur vélin ornée de trois pochoirs en couleurs de R. Pouyaud signé et daté 1931 à la mine de plomb. Exemplaire enrichi d’un envoi autographe signé de R. Pouyaud à Monsieur et Madame Villoire.

07 octobre 2010

Tric-Trac du ciel : premier recueil de poèmes d'Antonin Artaud

Installé à Paris depuis 3 ans, Antonin Artaud essaie très rapidement de se faire publier. Il présente ses poèmes à la Nouvelle Revue Française, mais Jacques Rivière les refuse. Le directeur de la N.R.F. écrit le 1er mai 1923 : "Je regrette de ne pouvoir publier vos poèmes dans la Nouvelle Revue Française. Mais j'y ai pris assez d'intérêt pour désirer faire la connaissance de leur auteur".
Artaud a aussi contacté la galerie Simon de Daniel-Henry Kahnweiler. Ses poèmes sont retenus et un premier recueil, Tric Trac du ciel, paraît la même année, portant (ironie du sort) un achevé d'imprimé du 4 mai, soit trois jours après la lettre de refus de Jacques Rivière. Artaud n'entreprend pas moins une correspondance avec le directeur de la N.R.F. pour préciser sa démarche. Il écrit le 5 juin 1923 :
« Je souffre d’une effroyable maladie de l’esprit. Ma pensée m’abandonne à tous les degrés. Depuis le fait simple de la pensée jusqu’au fait extérieur de sa matérialisation dans les mots. Mots, formes de phrases, directions intérieures de la pensée, réactions simples de l’esprit, je suis à la poursuite constante de mon être intellectuel. Lors donc que je peux saisir une forme, si imparfaite soit-elle, je la fixe, dans la crainte de perdre toute la pensée. Je suis au-dessous de moi-même, je le sais, j’en souffre, mais j’y consens dans la peur de ne pas mourir tout à fait. Tout ceci qui est très mal dit risque d’introduire une redoutable équivoque dans votre jugement sur moi. C’est pourquoi par égard pour le sentiment central qui me dicte mes poèmes et pour les images ou tournures fortes que j’ai pu trouver, je propose malgré tout ces poèmes à l’existence."

Jacques Rivière , en septembre 1924, publiera les lettres échangées avec Artaud qui exprime avec maîtrise et lucidité la nécessité d'exister littérairement.

Actuellement, la librairie Loliée propose :
  • Tric trac du Ciel. Illustré de gravures sur bois par Elie Lascaux. Paris, Galerie Simon, 1923, plaquette in-8, brochée. Edition originale du premier livre d’Artaud, ornée de 4 bois originaux d’Elie Lascaux. Tirage à 112 exemplaires. Un des 100 exemplaires sur Arches, signé par l’auteur et l’artiste à la justification.