27 octobre 2011

Facile : renconte d'exception entre Paul Eluard et Man Ray

Facile est de ces ouvrages qui marquent leur temps et  traversent les décennies. Fruit de la collaboration de Paul Éluard et de Man Ray, sous l'égide de l'éditeur surréaliste Guy-Lévis Mano, l'ouvrage donne à voir 12 poèmes accompagnés de douze photographies héliogravées centrés sur la figure de Nusch Éluard, inspiratrice et épouse du poète. La résonance harmonieuse qui ressort de ces feuilles construit un érotisme qui n'a rien perdu de son enchantement poétique et visuel.



 Actuellement, la librairie Loliée propose :
  • [MAN RAY] - ÉLUARD (Paul). Facile. Paris, G.L.M., 1935. Petit in-4 en feuilles, sous couverture illustrée de l'éditeur. Édition originale de ces douze poèmes de Paul Éluard illustrés dans le texte de douze photographies héliogravées de Man Ray du corps de Nusch Éluard. Tiré à 1 225 exemplaires, celui-ci un des 1 200 sur vélin.

21 octobre 2011

Catherine Pozzi : la pureté de la poésie classique

C'est en 1987, avec la publication de son journal, que l'œuvre et le caractère de Catherine Pozzi (1882-1934) sont redécouverts. Issue d'un milieu aristocratique et bourgeois, la jeune femme, brillante, croise dans la demeure familiale José-Maria de Heredia, Paul Bourget. Formée par des précepteurs, elle complète son éducation en passant un an à Oxford. A 25 ans, elle épouse l'auteur dramatique à  succès  Edouard Bourdet et, de cette union consensuelle, naît un fils, Claude. Un an après la naissance, la jeune mère connaît les premiers symptômes de la tuberculose. Catherine Pozzi reprend ses études et obtient le baccalauréat à l'âge de 37 ans. En 1920, elle entame une relation avec Paul Valéry, qui durera 8 ans. L'importante correspondance  entre les deux amants, publiée par Gallimard en 2006, montre la dimension tumultueuse  la relation mais aussi l'influence que l'auteur avait sur ​​le travail de Catherine Pozzi. La poétesse meurt à Paris en 1934, minée par la maladie et les drogues.

Parmi ses publications, essentiellement posthumes,on peut relever, outre son journal, ses correspondances avec Jean Paulhan et Rainer Maria Rilke. Si son oeuvre est le reflet d'une époque et de ses compétences, sa poésie, bien que fulgurante, est marquée par un classicisme et une pureté dignes  des plus grands. Le recueil  Poèmes, publié en 1935, donn à lire six pièces dont le dernier "Nyx" ("nuit" en grec) fut composé d'un seul trait, un mois avant la mort de la poétesse :
Ô vous mes nuits, ô noires attendues
Ô pays fier, ô secrets obstinés
Ô longs regards, ô foudroyantes nues
Ô vol permis outre les cieux fermés.

Ô grand désir, ô surprise épandue
Ô beau parcours de l’esprit enchanté
Ô pire mal, ô grâce descendue
Ô porte ouverte où nul n’avait passé

Je ne sais pas pourquoi je meurs et noie
Avant d’entrer à l’éternel séjour.
Je ne sais pas de qui je suis la proie.
Je ne sais pas de qui je suis l’amour.
Actuellement, la librairie Loliée propose  :
  • POZZI (Catherine). Poèmes. Paris, Mesures, s.d. [1935], plaquette in-8. Edition originale posthume.  Tirage limité à 410 exemplaire, celui-ci un des 10 sur Hollande. 

14 octobre 2011

A la découverte de Baudouin Luquet

Baudouin Luquet, né en 1939, à Amiens où il entame des études aux Beaux-Arts, poursuit ses études à Paris, à L’École Nationale des Arts Décoratifs. Il y suit les cours de Marcel Gromaire et en sort diplômé en 1961. Il peint alors essentiellement des paysages. Il complète sa formation en passant une année à l’École des Beaux-Arts de Cracovie. A son retour, il réalise "les carnets noirs" où il dessine alternativement des figures humaines, des cercles, des arbres et des compositions à la manière de celle d'Alberto Magnelli. Il tente de s'éloigner de la figuration et, au long des années 60, ses expériences le conduisent à peindre des paysages où champ coloré et figures géométriques tendent à représenter un "état" de nature. 

Baudouin Luquet élimine toute allusion au réel pour s’installer dans l'abstraction. Il réalise, dès 1975, les séries : Hommage à Mallarmé, Échantillons, Instants, et dans les années 80, Suspens. Ces "assemblages"sont éxécutés à partir de dessins préparatoires sur papier ou qui peuvent être tracés directement sur les murs de l'atelier afin de pré-figurer la pensée.


Baudouin Luquet réalise également des photomontages qui associent clichés et dessins. L'image (prises de vues éxécutées au cours de ses voyages en Italie, Tunisie, Espagne) est répétée et assemblée différemment de son motif. L'identité propre du cliché se perd pour devenir un élément structurel de l'ensemble. Ces photomontages évoquent la dynamique des "photos plastiques" de Moholy-Nagy.
En parralèle à ses activités, il a enseigné de 1975 à 2002 à l'Ecole d'Architecture de Lille. 



Actuellement et jusqu'au 24 octobre, la librairie Loliée propose, dans ses vitrines, une exposition de tract caviardés, exécutés dans les années 60 et de dessins "plis" (années 70) qui présentent le travail de l'artiste, fondé sur le détournement de support et la construction linéaire et géométrique.