04 décembre 2006

La Russie en 1839, un ouvrage politique majeur du Marquis de Custine

Né en pleine Révolution ( le 18 mars 1790), le marquis Alfonse de Custine connaît une existence agitée. Il est issu d'une riche famille aristocratique et est le petit fils du Général de Custine qui a commandé l'armée du Nord en 1793 et a été guillotiné par les Jacobins.

Très tôt, le Marquis de Custine est attiré par la littérature, sans doute influencé par l'écrivain Chateaubriand qui fut intimement lié à sa mère, Delphine de Sabran, pendant vingt ans. Il voyage beaucoup, notamment en Angleterre, en Ecosse, en Suisse, en Italie (1811-1822), en Espagne (1835) et en Russie (1839), consignant ses impressions et observations. Si ses récits de voyages remportent un franc succès, notamment la Russie en 1839, ses autres écrits, romans et pièces de théâtre, sont en revanche moins estimés.
Esprit critique et raffiné, parfois contradictoire et scandaleux, le Marquis de Custine, entre 1832 et 1857, entretient sa réputation de mécène et fait défiler chez lui le Tout-paris artistique : peintres, musiciens et surtout écrivains. Stendhal, Honoré de Balzac, Georges Sand, Victor Hugo ou Barbey d'Aurevilly participent aux soirées fastueuses à l'hôtel de la rue de la Rochefoucault et fréquentent les soirées intimes du château de Saint-Gratien. (Source : http://saintgratien.free.fr/custine.htm).

Dans La Russie en 1839, ouvrage en plusieurs volumes qui se présentent sous la forme de lettres envoyées à ses amis parisiens, le Marquis de Custine décrit et analyse la Russie au regard de sa société, la France de l'après Révolution. Le Marquis séjourna trois mois en Russie, durant l'été 1839, visitant de grandes villes dont Saint-Petersbourg et Moscou. Il est introduit auprès du Tsar Nicolas Ier et discute également avec des dissidents comme le philosophe Petr Tchaadaev.
Dès l'avant-propos, le Marquis de Custine dresse le constat lucide d'un aristocrate libéral et moraliste :
"Il me semblait qu'en disant la vérité sur la Russie, je ferais une chose neuve et hardie : jusqu'à présent la peur et l'intérêt ont dicté des éloges exagérés ; la haine a fait publier des calomnies : je ne crains ni l'un ni l'autre écueil. J'allais en Russie pour y chercher des arguments contre le gouvernement représentatif, j'en reviens partisan des constitutions."
Ouvrage majeur qui ne compte pas moins de six rééditions, La Russie en 1839 est aussi important dans la littérature politique que l'essai de Tocqueville De la démocratie en Amérique, dont il est souvent considéré comme le pendant.

Actuellement à la Librairie Loliée :
La Russie en 1839
, Paris, d'Amyot, 1843, 4 volumes, in-8, en reliure de l'époque.