27 novembre 2006

Le Paradis Musulman

Grande figure de l'illustration Art Déco, d'origine suisse, François-Louis Schmied s'est installé à Paris au début du 20ème siècle et y a vécu jusqu'au milieu des années 30, avant de s'installer au Maroc. Il a publié de luxueux livres, illustrant des oeuvres de la littérature classique comme l'Odyssée d'Homère, ou encore des récits orientalistes, alors à l'honneur. Ainsi, Le Paradis Musulman de Joseph-Charles Mardrus, docteur né au Caire qui se fera connaître par sa nouvelle traduction des Mille et Une Nuits. Le Paradis Musulman est la troisième collaboration entre les deux hommes, après La Création (1928) et Le Livre de la Vérité de la Parole (1929).

Schmied, qu'on pourrait qualifier de designer tant il accorde une importance à l'agencement de ses publications, travaillera également avec le laqueur Jean Dunand. Il faut dire qu'avec Schmied, l’illustration est pensée comme une décoration : ses couleurs sont matières, sa mise en page, architecture. La typographie s'organise comme une structure harmonieuse, jouant sur les symétries. Le Paradis Musulman est, à juste titre, considéré comme l'un de ses meilleurs ouvrages.

Actuellement à la Librairie Loliée, vous pourrez trouver, entre autres, Le Paradis Musulman, 1930, in-4, en feuilles, couverture illustrée, chemise et étui de l'éditeur.

21 novembre 2006

La Princesse de Clèves

La Princesse de Clèves de Mme de La Fayette (1634-1693) est souvent considéré comme le premier roman moderne de la littérature française. La scène se déroule au 16ème siècle, à la cour d'Henry II. Mlle de Chartres, âgée de seize ans, garde la tête froide devant les hommages que suscite sa beauté. Elle épouse le Prince de Clèves dont l'amour et la constance touchent sa vertu. Peu de temps après, la Princesse de Clèves est présentée au Duc de Nemours qui jette le trouble dans sa paisible existence... Le récit, au-delà des splendeurs de la Cour, fait une place de choix à la dimension psychologique des personnnages.

Que Marie Laurencin, peintre de la féminité, ait illustré ce livre n'est pas anodin. Son style caractéristique, fait de couleurs raffinées, toujours tendres, où l'accent est mis sur la nuance plus que sur l'expression, correspond parfaitement au récit de cette grande passion faite de retenue. Les dix eaux-fortes, dont le frontispice et cinq hors-texte, résonnent harmonieusement avec le texte de Mme de La Fayette.

Actuellement à la librairie Loliée :
La princesse de Clèves, Paris, Robert Laffont, 1947, in-4 en feuilles, chemise et étui de l'éditeur. Tirage à 300 exemplaires sur vélin pur fil du Marais.
Exemplaire comprenant également la suite complète des gravures en couleurs de Marie Laurencin.

14 novembre 2006

Rues et Visages de New York

Charles Laborde (1886-1941), connu aussi sous le nom de Chas-Laborde, est né à Buenos-Aires, en Argentine, de parents français. Il a étudié à Paris, à l'Académie Julian et aux Beaux-Arts. A quinze ans, il commence à vendre des dessins aux journaux satiriques de la capitale.
Après la première guerre mondiale à laquelle il participe, Charles Labordes voyage à travers l'Angleterre. Il croque la vie bourgeoise et publie ses dessins dans les journaux Le Rire Rouge et La Baionnette. Chas-Laborde s'établit alors définitivement comme illustrateur. Il se moque avec plaisir de son propre milieu, caricature les snobs et aristocrates de l'entre-deux guerre. Influencé par l'artiste allemand Georg Grosz, auquel on compare souvent son travail, Chas-Laborde a illustré de nombreux romans.

Il est également celui qui a croqué les rues et visages des grandes villes du monde occidental dans une série bien connue des bibliophiles :
- Rues et Visages de Paris, texte Valery Larbaud
- Rues et Visages de Londres, texte Pierre Mac Orlan
- Rues et Visages de Berlin, texte de Jean Giradoux
- Rue et Visages de Moscou, texte de Chas-Laborde lui-même
- Rue et Visages de New York, texte de Paul Morand

Le dernier ouvrage de la série, publié en 1950, Rues et visages de New York, est posthume à Chas-Laborde. Sur chaque page du port-folio, texte et illustration se complètent pour faire la critique des codes sociaux et culturels du melting-pot New yorkais. Le livre sitgmatise les artifices de la ville pour mieux dévoiler le fossé qui sépare les riches et les pauvres.

Actuellement à la Librairie Loliée :
- Rues et Visages de New-York, texte de Paul Morand - eaux fortes et dessins de Chas-Laborde, Paris, Lacourière, 1950, in folio, en feuilles, portefeuille cartonné illustré de l'éditeur. Un des 200 exemplaires sur vélin d'Arches.
- Rues et Visages de Berlin, texte de Jean Giradoux - eaux fortes et dessins de Chas-Laborde, Paris, La Roseraie, 1930, in folio, en feuilles, portefeuille cartonné illustré de l'éditeur. Un des 90 exemplaires sur vélin d'Arches.





03 novembre 2006

Le Voyage d'Urien

Le Voyage d'Urien (1893) d'André Gide, et illustré dans son édition originale par Maurice Denis, est une oeuvre ambiguë et transitoire. Le jeune Gide revendique puis subit le Symbolisme dominant de cette fin de siècle, mouvement dont il cherche à se détacher. Le Voyage d'Urien entame la lente libération de son écriture, dégagée des contraintes de la morale et des codes littéraires. Au cours de son périple, Urien et ses vingt compagnons voguent d'un "océan pathétique" à "une mer glaciale", accostent sur des îles enchantées, succombent à une maladie contagieuse, aboutissent dans une pays peuplé de zombies esquimaux... Ellis, la soeur d'Urien, lui révèle le sens mystique de cette aventure qui, au final, ne mènera à rien. Le titre est un jeu de mots : Le Voyage d'Urien, du rien. Le livre finit par ces mots : "nous n'avons pas fait ce voyage", "tout ce livre n'est que mensonge". Avec cette oeuvre, Gide s'interroge sur l'écriture, se détourne de la sacralisation de l'entreprise poétique au profit d'une esthétique de l'ironie.

L'amitié qui a uni André Gide et Maurice Denis est née de leur collaboration sur Le Voyage d'Urien et dura jusqu'à la mort du peintre. En 1893, bien qu'aussi jeune que Gide, Maurice Denis est déjà le théoricien du groupe des Nabis. Il est sûr de son talent et de ses valeurs. Il permet à Gide d'asseoir ses positions, de se dégager du symbolisme. Plus que de simples illustrations, ses lithographies ont véritablement participé à la création de ce roman.

Actuellement à la librairie Loliée, l'édition originale (tirage à 300 exemplaires, 29 lithographies originales de Maurice Denis) dans une belle reliure plein maroquin rouge janséniste de Knoderer.

- André Gide - Maurice Denis - Correspondance 1892-1945, Paris, Gallimard, 2006
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Exposition Maurice Denis au Musée D'Orsay à Paris du 31 Octobre 2006 au 21 Janvier 2007