30 septembre 2010

Fernand Fleuret : style et fantaisie

Fernand Fleuret (1883-1945) grandit en Normandie, chez son grand-père. Il fait ses études dans divers collèges. Élève peu discipliné, il est envoyé chez les Jésuites. Installé à Paris où il gagne sa vie comme journaliste, il début sa carrière d'écrivain en produisant une poésie travaillée et fantaisiste qui séduit les cercles littéraires et artistiques de l'époque. Il se lit d'amitié avec Guillaume Apollinaire, Louis Perceau, Gus Bofa ou encore Raoul Dufy. Érudit, Fleuret se fait aussi connaître par des pastiches des auteurs du XVIe et XVII e siècle, notamment en reprenant des poèmes érotiques de la Renaissance trouvés à la Bibliothèque Nationale. Fatigué par ses abus mondains, il s'installe dans le Sud de la France. Il épouse alors la féministe Gabrielle Réval, de 15 ans son aînée. Fleuret, désireux de reprendre sa vie de bohème, retourne finalement vivre sur la capitale. Il n'en garde pas moins un profond attachement pour Gabrielle Réval qui le soutiendra jusqu'à la fin. En 1935, Fleuret reçoit le prix Renaissance pour Échec au Roi, roman historique qui raconte les 10 dernières années du règne d'Henri IV. Si son œuvre commence à être reconnue, l'écrivain traverse de nombreuses phases de dépression, puis d'hallucinations. Il sombre peu à peu dans la démence et est interné à Saint-Anne. Il disparait en 1945. Pascal Pia dira de lui : "Aucun commerce n'a été plus agréable ni plus fructueux que la fréquentation de Fleuret et de ses livres. J'aurais dû le dire plus tôt et montrer comment par une rencontre extraordinaire, l'érudition, l'humour et la poésie faisaient de Fleuret un personnage comme il ne s'en trouve que de loin en loin, et comme, peut-être, il n'y en avait pas eu depuis Nerval."
(source : excentriques.com, Talvart)

Actuellement, la librairie Loliée propose les ouvrages suivants de Fernand Fleuret:
  • [Collectif]. L'Enfer de la Bibliothèque Nationale. bibliographie méthodique et critique de tous les ouvrages composant cette célèbre collection avec une préface, un index des titres et une table des auteurs par Guillaume Apollinaire, Fernand Fleuret, Louis Perceau. Paris, Bibliothèque des Curieux, 1919, in-8, broché. Nouvelle édition de cette bibliographie érotique présentant un catalogue détaillé de 930 ouvrages. Exemplaire numéroté sur vélin satiné.
  • Les Derniers plaisirs. Histoire espagnole. Paris, Gallimard, 1924, in-12, broché. Édition originale. Tirage à 1000 exemplaires, celui-ci un des 30 exemplaires d’auteur hors commerce sur vélin pur fil Lafuma-Navarre. Exemplaire enrichi d’un envoi autographe signé de l’auteur à l'écrivain Pierre Mac-Orlan
  • Histoire de la Bienheureuse Raton fille de joie. Paris, N.R.F., 1926, in-8, demi-maroquin citron à coins, dos à nerfs orné d'encadrements et motifs dorés, tête dorée, non rogné, converture et dos conservés (Alix). Édition originale. Un des 109 premiers exemplaires réimposés sur vergé Lafuma-Navarre.
  • Soeur Félicité. Récit orné de six images hors texte dessinées et gravées à l'eau-forte par Yves Alix. Paris, Au sans Pareil, 1926, in-12, broché. Edition originale. Exemplaire sur vélin Montgolfier d'Annonay.
  • De Gilles de Rais à Guillaume Apollinaire. Paris, Mercure de France, 1933, in-12, broché. Édition originale. Un des 22 exemplaires sur fil Montgolfier, seul tirage en grand papier.
  • Échec au Roi. Paris, Gallimard, 1935, in-12, broché. Édition originale. Un des 37 premiers exemplaires sur vélin.

23 septembre 2010

Claude Terrasse et Pierre Bonnard : un air de famille

Claude Terrasse (1867-1923) rencontre la famille Bonnard par l'entremise du fils aîné Charles alors qu'il fait son volontariat. En 1890, il épouse Andrée Bonnard, elle aussi musicienne. Le couple s'installe à Arcachon ou Terrasse est professeur de piano. Il collabore très tôt avec son beau-frère, le peintre Pierre Bonnard. A cette époque, paraissent les Petites Scènes familières pour piano. Pierre Bonnard s'amuse à jouer de la chromatique austère du procédé lithographique alors que Claude Terrasse fait déjà montre de son talent de compositeur de musique légère avec "la fête au village", ensemble de quatre pièces humoristiques.
Nommé à Paris en 1896, Claude Terrasse utilise l'atelier attenant à son appartement pour créer le Théâtre des Pantins. L'avant-garde artistique parisienne participe à cette aventure. Claude Terrasse y poursuit sa collaboration avec Alfred Jarry pour lequel il vient composer la musique d'Ubu Roi, dont la représentation fait scandale. En 1898 est édité le Répertoire des Pantins, qui reprend les titres créés pour le théâtre de marionnettes de Claude Terrasse. Dans cet ensemble de neuf fascicules, illustré de six lithographies originales de Bonnard, on retrouve l'ouverture d'Ubu roi"et la célèbre "chanson du décervelage" (texte complet ici).

Actuellement, la librairie Loliée propose :
  • Bonnard (Pierre) - Terrasse (Claude). Petites Scènes familières pour piano. Illustrations de Pierre Bonnard. Paris, Fromont, s.d., grand in-4, chemise demi-maroquin noir à coins, dos à nerfs, étui (Alain Devauchelle). Rare album de musique de Claude Terrasse, illustrée de 19 charmantes lithographies originales de Pierre Bonnard.
  • Bonnard (Pierre) - Jarry (Alfred) - Franc-Nohain - Terrasse (Claude). Répertoire des Pantins. Musique de Claude Terrasse. Lithographies originales de Pierre Bonnard et Jarry. Paris, Mercure de France, 1898, 9 cahiers in-4 en feuilles. (Chemise et étui). 6 lithographies originales de Pierre Bonnard et 3 d’Alfred Jarry illustrent la musique de Claude Terrasse.

15 septembre 2010

Utrillo : le pinceau et la bouteille

Maurice Utrillo (1883-1955) a grandi à l'école de la vie, celle du quartier de la Butte Montmartre à Paris. Adolescent perturbé et déjà alcoolique, Utrillo est élevé par sa grand-mère. Incontrôlable, il séjourne régulièrement en clinique psychiatrique. Sa mère, Suzanne Valadon, gagne sa vie comme modèle chez Renoir, Toulouse-Lautrec ou encore Degas. Elle réussit à faire carrière et à devenir elle-même artiste. Elle initie son fils à la peinture et trouve ainsi un moyen de juguler, au moins, sa mauvaise conduite.
Ainsi, Francis Carco décrit cette légendaire figure de mauvais garçon qu'était Utrillo :
"Qu'importait qu'il fût un grand peintre! Il le savait. Il n'avait besoin de personne pour qu'on le lui apprît. Et après? Payait-on un verre? Bon. C'était tout ce qu'il réclamait. Assez d'histoires comme ça, n'est-ce pas? Assez de boniments. De l'argent plutôt et vite! pour filer au bistro, s'enivrer se disputer. [...] Il a si tendrement aimé l'alcool! Dans ses rues écartées, je découvre toujours une attente obstinée, un espoir, la souffrance perpétuellement avide de retenir l'image de son supplice. Cette sensation domine tout. Elle compose un drame muet et le ciel y apparaît, comme au travers des fioles d'un comptoir où l'on ne veut plus d'un homme ivre".
(source : bibliothèque nationale des Pays-Bas)

Actuellement, la librairie Loliée propose :
  • Utrillo (Maurice) - Carco (Francis). La Légende et la Vie d’Utrillo. Lithographies originales de Maurice Utrillo. Paris, Marcel Seheur, 1927, in-4, en feuilles, couvertures rempliées, 2 chemises, emboîtage de l’éditeur.11 lithographies originales hors-texte dont un frontispice en couleurs de Maurice Utrillo, un portrait de l’artiste en lithographie originale par Suzanne Valadon, 10 bandeaux, 10 culs de lampes en héliogravure. Triple suite des lithographies sur Japon, Chine et une sur Japon - les planches ayant été rayées.

09 septembre 2010

François Coppée - Alexis Orsat : une longue amitié

François Coppée (1842-1908), poète qui connut d'abord le succès comme auteur de théâtre, vécut de son vivant la reconnaissance de ses pairs. Employé à la bibliothèque du Sénat, puis archiviste de la Comédie Française, il obtint son fauteuil à l'Académie Française en 1884. Raillé par les "poètes maudits" qui dénonçaient son style classique, simple et populiste, François Coppée fut pourtant apprécié des petites gens dont il se plaisait à décrire les vies.
Célibataire endurci qui resta auprès de sa mère, François Coppée était un mondain. Peu étonnant, dès lorsqu'il se lie d'amitié avec Alexis Orsat (1837-1906) fonctionnaire comme lui. Il lui dédia le poème "Un Fils" paru dans un de ses premiers recueils, Les Humbles, en 1872. Coppée le présenta à J.K. Huysmans avec qui Orsat ira fréquenter les gargotes des faubourgs parisiens. Alexis Orsat est connu des bibliophiles car bon nombres d'auteurs de la période - Zola, Barbey d'Aurevilly, Maupassant, lui dédicacèrent leurs premières éditions.
Faisant l'éloge funèbre de son ami, François Coppée écrira :
"Orsat fut, vous le savez, un très utile et très consciencieux serviteur de l'État (...) Mais, je n'hésite pas à le dire, note ami était supérieur à sa destinée, et c'est grand dommage que ses facultés ne se soient pas déployées dans un espace plus vaste et plus libre. partout, il eut fait partie de l'élite, notamment dans les Lettres qu'il aimait avec passion et qui lui ont donné les meilleures joies de vivre".

Actuellement, la librairie Loliée propose :
  • Coppée (François). Les Récits et élégies. Récits épiques - L’Exilée - Les Mois - Jeunes Filles. Paris, Alphonse Lemerre, 1878, in-12, broché. Édition en partie originale. Exemplaire enrichi d’un envoi autographe à Alexis Orsat.
  • Coppée (François). Paroles prononcées par M. François Coppée sur la tombe de son ami Alexis Orsat. S.l. [Paris], s.é [Lemerre], 8 novembre 1906, plaquette in-8, brochée, couverture rempliée. Édition originale de cette brochure parue à l’occasion de la disparition d’Alexis Orsat.