31 décembre 2008

La Dernière Bande

Monologue écrit en 1958, Krapp's Last Tape (en français La Dernière Bande) est d'abord destiné à la radio anglaise. Samuel Beckett adapte finalement le texte pour le théâtre en complément de Fin de partie qui se joue au Royal Court Theatre de Londres. Le rôle est créé par Patrick MaGee, acteur irlandais pour lequel Beckett a pensé le texte. Dans une pièce occupée d'une table et de boites à archives poussiéreuses, Krapp, intellectuel vieux et usé, enregistre sur un antique magnétophone ses réflexions sur l'année passée. Il se réécoute et fait le constat amer d'une existence envolée. Beckett truffe le texte d'indications scéniques, précise jusqu'à la couleur des voix, marque le débit de la parole pour créer l'espace dans lequel se glisse le souvenir et la mémoire de Krapp.
Quelques mois après la création londonienne, Beckett traduit ce "monodrame" avec l'aide de Pierre Leyris. Il faut attendre 1960 pour que la pièce, dans sa version française, soit montée par Roger Blin au théâtre Récamier.


Devenu aujourd'hui un classique, Krapp's Last Tape constitue un des grands textes dramatiques de Beckett. Nombres d'artistes se sont essayés à interpréter la figure de Krapp : en 2000 John Hurt dans une adaptation cinématographique d'Atom Egoyan ou encore en 2006, Harold Pinter qui, pour fêter le 50ème anniversaire du Royal Court Theatre, a repris le rôle.
(sources : Wikipedia).

Actuellement, la librairie Loliée propose en éditions originales de Samuel Beckett :
  • La Dernière Bande. Traduit de l’anglais par Pierre Leyris et l’auteur. Paris, Éditions de Minuit, 1959, in-12, broché. Tirage à 47 exemplaires sur pur fil Marais, seul grand papier. Bien complet du feuillet d’errata.
  • Tous Ceux qui tombent. Pièce radiophonique traduit de l’anglais Robert Pinget. Paris, Editions de Minuit, 1957, in-12, broché. Un des 80 exemplaires sur pur fil Marais, seul grand papier.
  • Bing. Paris, Éditions de Minuit, 1966, in-12, broché. Édition originale. Exemplaire sur vélin BFK, seul tirage en grand papier.
  • Sans. Paris, Éditions de Minuit, 1969, in-12, broché. Un des 742 exemplaires sur vélin de Rives, seul tirage en grand papier.
  • Berceuse suivi de Impromptu d’Ohio. Traduits de l’anglais par l’auteur. Paris, Éditions de Minuit, 1982, in-16, broché. Un des 99 exemplaires sur vélin d’Arches, seul grand papier.
  • Pour en finir encore. Paris, Éditions de Minuit, 1976, in-12, cartonnage bradel gris irisé de filets argentés et tacheté de vert (Mouillac). Exemplaire sur vélin d’Arches, seul tirage en grand papier.

17 décembre 2008

Petits et Grands Verres


"Pour ce qui est de la France, il semble bien que le cocktail fasse son apparition avec les premiers bars anglo-américains peu après l'exposition de 1889. La chronique y fait allusion et les histoires que publient les journaux ne l'ignorent point. Alphonse Allais ne tardent pas à farcir ses contes de noms de breuvages qui ont alors toute la saveur de la nouveauté : sherry Cobbler, mint julep, pick-me-up, prairie oyster, etc."

Petites et grands Verres, paru en 1927, propose un "choix des meilleurs recettes de cocktails", aux noms parfois fantaisistes qui titillent l'imagination et les papilles. Les 10 gravures de Jean-Émile Laboureur, qui illustre le recueil, soulignent le délicat et mondain savoir-vivre de l'époque.

Actuellement, la librairie Loliée propose :
  • Laboureur (J.-E.). Petits et Grands Verres. Choix des meilleurs cocktails. Recueillis par Nina Toye et A.-H. Adair et mis en français par Ph. Le Huby. 10 gravures de J.-E. Laboureur. Paris, Au Sans Pareil, 1927, in-4, broché. 10 eaux-fortes originales hors-texte de Laboureur. Tirage à 270 exemplaires, celui-ci sur vélin.

10 décembre 2008

Charles Bovary ou le savoir-faire de Flaubert

La première Madame Bovary que l'on découvre dans le célèbre roman de Gustave Flaubert n'est pas forcément celle que l'on croit. Le récit s'ouvre sur une saynète d'une école de province : un "nouveau", un garçon timide et consciencieux n'ose pas jeter à terre, comme ses camarades, la casquette neuve et ridiculement pédante que sa mère lui fait porter. En un chapitre, Flaubert raconte comment un amour maternel implacable amène Charles, futur mari d'Emma, à surpasser sa médiocrité pour atteindre un statut social acceptable. Madame Bovary mère veut que son fils devienne médecin. Le jeune homme, installé en ville pour faire ses études, est étourdi par la liste des matières qu'il doit suivre. "Il n'y compris rien ; il avait beau écouter, il ne saisissait pas. Il travaillait pourtant, il avait des cahiers reliés, il suivait tous les cours, il ne perdait pas une seule visite. Il accomplissait sa petite tâche quotidienne, à la manière du cheval de manège, qui tourne en place les yeux bandés, ignorant de la besogne qu'il broie." On retrouve dans cet extrait tout le savoir-faire de Flaubert, sa syntaxe faite de phrases simples, percutantes qui s'amoncèlent pour se conclure sur une métaphore dont l'évidence est presque cruelle.

Une nuit, Charles, désormais médecin de campagne, est appelé pour soigner une fracture, par chance, "simple". Il rencontre ainsi Emma et son père, le blessé. Veuf d'un premier mariage malheureux, Charles tombe sous le charme d'Emma. C'est par lui que l'on découvre cette jeune femme au teint pâle "dont le regard arrivait franchement à vous avec une hardiesse candide". Après une cour dont la dimension romantique qui trouble Emma est surtout le reflet de la maladresse et de l'inexpérience de Charles, le mariage est rapidement décidé. En homme heureux, M. Bovary s'empâte dans un quotidien confortable, quant à Madame... après tout juste cinquante pages, la problématique tombe comme un couperet : "Avant qu'elle ne se mariât, elle [Emma] avait cru avoir de l'amour ; mais le bonheur qui aurait dû résulter de cet amour n'étant pas venu, il fallait qu'elle se fût trompée, songeait-elle. Et Emma cherchait à savoir ce que l'on entendait au juste dans la vie par les mots de félicité, de passion et d'ivresse, qui lui avaient paru si beaux dans les livres".

Actuellement, la librairie Loliée propose :
  • Flaubert (Gustave). Madame Bovary. Mœurs de province. Paris, Michel Lévy Frères, 1857, 2 tomes reliés en un volume, in-12, plein maroquin rouge, dos à nerfs, plats ornés d’un quadruple filet doré, encadrement intérieur orné de même, tranches dorées sur témoins, couvertures conservées, étui (Chambolle-Duru). Édition originale. Exemplaire de premier tirage.

03 décembre 2008

Quand Louis Legrand illustre Edgar Poë

Employé de banque, Louis Legrand se forme au cours du soir de l'école des Beaux-Arts de Dijon. Puis, c'est avec Félicien Rops qu'il apprend les techniques de la gravure. Il gagne en renommée en travaillant comme caricaturiste pour Le Courrier Français. Sa vision sombre et macabre des nuits parisiennes lui vaut d'être inculpé pour obscénité et brièvement incarcéré en 1891. Legrand se tourne alors vers des sujets plus légers et participe au Gil Blas, hebdomadaire illustré qui connait des ventes records. Ses gravures sur le milieu de la danse sont reprises l'année suivante, chez E. Dentu, dans la suite Cours de danse fin de siècle. Legrand poursuit sa description avec Les Petits du Ballet publié en 1893 par Gustave Pellet. C'est le début d'une longue collaboration avec cet éditeur qui publia par la suite parmi les plus beaux travaux de Toulouse-Lautrec, maître qui éclipse souvent Legrand pourtant son predécesseur.
Dans son analyse de l'oeuvre du peintre, parue justement chez Pellet, Camille Mauclair s'attarde sur l'illustration de Quinze Histoires d'Edgard Poe et précise :
"Ces quinze planches sont peu connues et on n'en a guère reproduit que deux ou trois. Elles mériteraient pourtant d'être largement divulguées, non seulement à cause de leur beauté, mais encore parce qu'elles constituent jusqu'ici le seul essai d'illustrations qu'on ait osé tenter d'après ces terribles chef-d'œuvre."

Actuellement, la librairie Loliée propose :
  • Legrand (Louis) - [Baudelaire (Charles)]. Quinze Histoires d'Edgar Poë. Illustrations de Louis Legrand. Paris, imprimé pour les Amis du Livre, Chaumerot et Renouard, 1897, in-4, reliure plein maroquin noir (Chambolle-Duru). Édition illustrée de 15 eaux-fortes originales hors texte, en double état, sur Japon et de 30 dessins dans le texte.
  • Legrand (Louis) – Ramiro (Erasthène). Faune Parisienne. Paris, Gustave Pellet Éditeur, 1901, in-4, reliure plein maroquin lavallière (Canape). Édition originale illustrée de 19 eaux-fortes originales de Louis Legrand, dont la couverture. Tirage unique à 130 exemplaires. Exemplaire enrichi d’un second état, en noir, des gravures et de deux dessins originaux rehaussés à l’aquarelle.
  • [Legrand (Louis)] - Mauclair (Camille). Louis Legrand, peintre et graveur. Paris, H. Floury et G. Pellet, 1910, petit in-4, broché. Importante étude comportant de nombreuses illustrations dont 3 pointes sèches, 3 eaux-fortes et 9 héliogravures.