27 janvier 2011

René Boylesve conteur

René Tardivaux (1867-1926) dit René Boylesve est un romancier resté aujourd'hui dans l'ombre alors que sa production et la reconnaissance de ses pairs (il est élu à l'Acdémie Française en 1908), le place parmi les écrivains importants de la fin du 19e / début du 20e siècle. La Biographie des auteurs moderne de langue française, dit le "Talvart" du nom de son auteur et ouvrage de référence en matière de bibliophilie, précise :
Romancier de la vie de province, c'est avec un art délicat, tout de souplesse et de nuances, qu'il a fixé dans des tableaux charmants, mélancoliques, traités en grisaille, certains types, certains aspects d'existences provinciales et bourgeoises ; qu'il a dévoilé des âmes tendres et passionnées que leurs dehors simples semblaient écarter du romanesque et dont il est devenu le pastelliste minutieux. 
Comme certains de ses confrères, René Boylesve a également composer des fantaisies libertines, dans l'esprit du XVIIIe siècle, se faisant conteur de récit  divertissants qui n'en garde pas moins l'emprunte de sa sensibilité. Le Carrosse aux deux lézards verts, dont le titre seul évoque la légèreté du propos, paraît en 1921 avec, chose rare pour une édition originale, des compositions rehaussées à l'aquarelle par George Barbier, illustrateur Art Déco alors au faîte de sa gloire.

Actuellement, la librairie Loliée propose :
  • BARBIER (George) - BOYLESVE (René). Le Carosse aux deux lézards verts. Conte de Fées. Orné d’aquarelles de George Barbier. Paris, Éditions de la Guirlande, 1921, in-4, demi-basane maroquinée grise à coins, dos à nerfs ornée de motifs et fleurons dorés, tête dorée, non rogné, premier plat illustré de la couverture conservé (Flammarion). Édition originale ornée de 52 dessins et vignettes rehaussés à l’aquarelle et de 8 hors-texte gravés et exécutés à l’aquarelle par George Barbier. Tirage limité à 300 exemplaires. Un des 25 premiers exemplaires sur Japon, enrichi d’une dédicace au critique littéraire et essayiste Gonzague Truc (1877-1972).

20 janvier 2011

"Les Ziaux" de Raymond Queneau dédicacé à Maurice Blanchot

Les Ziaux est le second recueil de poésie de Raymond Queneau publié en 1943 chez Gallimard, maison d'édition où il est entré en 1938 d'abord comme lecteur, traducteur puis membre du Comité de lecture. L'ouvrage que propose la librairie Loliée est un exemplaire du service de presse qui porte un envoi à l'écrivain Maurice Blanchot. Ce dernier entre chez Gallimard par l'entremise de Jean Paulhan et il y publie son premier roman en 1941, Thomas l'obscur, un texte sombre et abstrait. Les deux auteurs ont une fascination pour la littérature, sa mécanique et partagent un même goût pour la philosophie. ils ont aussi pour amie commun Michel Leiris. Ils se retrouvaient également chez Georges Bataille qui réunissait ses contemporains pour nourrir les réflexions de son collège de sociologie. 

Pour en revenir au Ziaux, le travail de Queneau sur les phonèmes et le langage est emprunt d'une teinte ludique caractéristique de son talent. La petite aube devient « la microaube » et « quand le soir meurt, la toute petite crêpe...la crépuscule ». Ci-après le poème qui donne son titre au recueil.
LES ZIAUX 
les eaux bruns, les eaux noirs, les eaux de merveille
les eaux de mer, d'océan, les eaux d'étincelles
nuitent le jour, jurent la nuit
chants de dimanche à samedi 
les yeux vertes, les yeux bleues, les yeux de succelle
les yeux de passante au cours de la vie
les yeux noirs, yeux d'estanchelle
silencent les mots, ouatent le bruit 
eau de ces yeux penché sur tout miroir
gouttes secrets au bord des veilles
tout miroir, tout veille en ces ziaux bleues ou vertes
les ziaux bruns, les ziaux noirs, les ziaux de merveille
Actuellement, la librairie Loliée propose :
  • QUENEAU (Raymond). Les Ziaux. Paris, Gallimard, collection « Métamorphoses », 1943, in8, rim vert bronze, pièce d’anilou rivetée sur le premier plat portant la mention « souscription n°2 », dos de box beige portant en long le nom de l’auteur et le titre en lettres rouge,  non rogné, couverture et dos conservés (J. de Gonet 8/200). Édition originale. Exemplaire S.P. sur papier de châtaignier, enrichi d’un envoi autographe signé de l’auteur : à Maurice Blanchot / « Mais qui voit ? Qui entend ? Qui parle ? »  / amical hommage / Queneau

14 janvier 2011

Pierre Loti : la douce amertume du marin voyageur

Julien Viaud alias Pierre Loti (1850-1923), né à Rochefort, est issu d'une famille protestante. Attiré par la mer, il décide à treize ans de partir voguer sur les océans, comme son frêre aîné, Gustave, chirurgien de marine. Deux ans plus tard, Gustave meurt dans le détroit de Malacca. La famille Viaud connaît alors de graves difficultés financières. En 1866, Julien part à Paris pour préparer le concours d'entrée à l'école Navale. Brillant élève, il est reçu en 1867 puis admis sur le Borda, vaisseau école en rade de Brest. Deux ans plus tard, nommé aspirant, il embarque sur le Jean Bart. Ses voyages le conduisent en Algérie, zn Turquie, au Brésil, en Orient, aux États-Unis et au Canada...
Des pays qu'il aura visités, Loti montre une affection particulière pour Tahiti dont Gustave fut le premier photographe. C'est là qu'il trouvera son pseudonyme d'auteur, Loti, du nom d'une fleur tropicale. A Constantinople, il vivra une passion tragique avec Hatice appartenant au harem d'un dignitaire local. En Orient, il signera un contrat de mariage avec une jeune japonais, surnommée Madame Chrysanthème, histoire relatée dans le roman éponyme paru en 1887. C'est son premier grand succès, après Pêcheur d'Islande. La même année, de retour en France, il épouse la fille d'une famille de notables bordelais qui lui donnera un premier fils. Il aura, quelques années plus tard, une autre descendance avec Crucita, une basque. En 1891, il est élu à L'Académie Française, contre Emile Zola.
Auteur à succès, Loti transmet avec délicatesse et simplicité ses impressions de voyageur. Mais au-delà de la dimension plaisante de son oeuvre, surgit toujours une forme de tristesse, une angoisse qui fait de lui bien plus qu'un simple auteur de romans exotiques. L'homme en lui-même est plus complexe, sulfureuse, que ne laisse paraître sa biographie. Il aime aussi, d'après les allusions de ses contemporains, les hommes. Son apparence physique laisse poindre l’ambiguïté du personnage. Ainsi, le décrit Gabriel-Louis Pringué lorsqu'il le croise en 1913 lors d'un déjeuner chez la princesse Alice de Monaco au château de Haut-Buisson (in 30 ans de dîners en ville, éd. Revue Adam, 1948, p.136)
Loti avait la figure fardée de rose et portait pour se grandir des talons échasses. Dans son étrange visage luisaient des yeux admirables couleur d'aigue-marine, d'une profondeur mystérieuse voilée d'inquiétude. Ce regard lointain, comme perdu dans un rêve, était troublant. Il parlait peu, mais quand il narrait, il le faisait avec la poésie colorée, inimitable qui rappelait ses livres prestigieux dont le charme appartient à l'éternité.
(source : Wikipédia)

Actuellement, la librairie Loliée propose :
  • LOTI (Pierre). La Mort de Philae. Paris, Calmann-Lévy, s.d. [1908], in-12, demi-maroquin lavallière, plats marqués d’un double filet à froid, dos à quatre nerfs, tête dorée, non rogné, couverture et dos conservés (Léon Lapersonne). Édition originale. Exemplaire enrichi sur la page de faux-titre d’un envoi autographe à l’encre bleue signé de l’auteur au peinte et écrivain Georges Cain (1856-1919).
  • LOTI (Pierre). Correspondance inédite. 1865-1904. Publié par sa nièce Madame Nadine Duvignau et N. Serban, professeur à la faculté de Jassy. Paris, Calmann-Lévy, 1929, in-12, demi-chagrin lavallière à coins, dos lisse, tête dorée, non rogné, couverture et dos conservés. Édition originale. Un des 25 premiers  exemplaires sur papier impérial du Japon. 
  • FOUJITA - LOTI (Pierre). Madame Chrysanthème. Soixante illustrations originales en couleurs de Foujita. Paris, Éditions Excelsior, 1926, fort in-4, broché. Édition de luxe, ornée de 60 illustrations en couleurs de Foujita, dont un frontispice et 15 hors-texte, les autres contrecollées dans le texte. Un des 425 exemplaires sur Arches.

06 janvier 2011

50 gravures de Zwy Milshtein

Peu connu du grand public, Zwy Milshtein est un peintre, graveur et écrivain qui, à plus de 75 ans, a produit une oeuvre abondante et étonnante. Né en 1934 en Moldavie, il part vivre en Israël en 1947 avec sa mère et son frère, puis s'installe à Paris en 1956 après avoir obtenu une bourse d'études. "Je considère ma peinture comme une peinture expressionniste avec l'influence des peintres comme Bosch, Brueghel, Goya et Soutine" précise-t-il.
La Librairie propose, dans une reliure de Miguet, un ensemble de 50 gravures en noir, montées sur onglets, toutes numérotées et signées par l'artiste. Pour beaucoup, des visages ou des silhouettes qui se rejoignent sur fond de décor citadin.
A consulter : le site de l'artiste.



Actuellement la librairie Loliée propose :
  • MILSHTEIN (Zwy). 50 gravures. In-16 carré, 50 gravures montées sur onglets, plein maroquin janséniste vieux rose, dos lisse, tête dorée, chemise, étui (J.P. Miguet, non signé). Exemplaire unique regroupant un choix de 50 gravures toutes numérotées et signées de Milshtein.