25 novembre 2010

Hermine David : femme peintre du début du 20e siècle

Il y a peu de femmes peintre reconnues dans la première partie du 20e siècle. Hermine David (1886-1970) fait partie de celles qui ont su s'imposer. Née  à Paris, cette peintre et graveuse,  de son vrai nom Lionnette Cartan, a grandi avec sa mère qui dit l'avoir eu avec un prince de Hapsbourg. Après avoir quittée le giron familial à l'âge de 16 ans, elle suit les cours Julian et en  1906 participe  au premier salon des femmes peintre. Sa production, de qualité, lui assure déjà un statut d'artiste reconnue. Elle rencontre la même année  Jules Pascin et s'immisce dans la bande de l'Ecole de Paris. Le Berlinois devient son mentor et amant. Pascin entame, en parallèle, une liaison avec Lucy,  modèle pour Albert Marquet. Pourtant, lorsqu'en 1914 la guerre  contraint Pascin à quitter la France, c'est Hermine David qui le suit aux États-Unis. Les deux peintres se marient à New York en 1918. En 1920, marqué par les frasques de Pascin, le couple rentre en France et finit par se séparer. Pascin  reprend sa liaison avec Lucy, désormais mariée au peintre Per Krogh. Il soutient toujours le travail d'Hermine David qui enchaîne les expositions : Salon d'Automne,  Salon des Indépendants,  galerie Weil. 
Usée par ces années folles qui pourtant la consacrent, Hermine David quitte un temps Paris et développe ses talents de paysagiste en voyageant en France et en Espagne. En 1930, Pascin se suicide, laissant un mot à Lucy. Deux ans après, Hermine David reçoit la Légion d'Honneur. Elle ne cessera jamais de produire (peinture, gravures, émaux). En mai 1966, elle se retire à la maison de retraite des Artistes de Nogent-sur-Marne. Elle s'éteint 4 ans plus tard.

Actuellement, la librairie Loliée propose : 
  • [David (Hermine)] Larbaud (Valéry). Enfantines. Illustrés par Jeanne Rosoy, Germaine Labaye, Halicka, Hermine David. Paris, Gallimard, 1926, 4 volumes in-8,  cartonnages en chromotypographie, médaillons ornés d'une illustration en noir différente pour chacune des couvertures, étui. Première édition illustrée contenant 24 eaux-fortes originales dans le texte par Jeanne Rosoy (tome 1), Germaien Labay (tome 2), Halicka (tome 3) et Hermine David (tome 4).  Un des 300 exemplaires numérotés sur Hollande. 
  • David (Hermine) - Rebell (Hugues). Les Nuits Chaudes du Cap Français. Paris, Henri Joncquières, « Les Beaux Romans », 1927, in-8, broché. Édition de ce classique de l’érotisme, ornée de 18 pointes-sèches originales en couleurs par Hermine David. Exemplaire sur vélin de Rives. David (Hermine) - Verlaine (Paul). Romances sans paroles. Gravures à la pointe sèche de Hermine David. Paris, Pour els Bibliophiles du Palais, 1934, in-8, en feuilles, couverture illustrée, chemise et étui d’éditeur. Édition ornée de 31 pointes sèches originales, dont la couverture, par Hermine David. Tirage limité à 200 exemplaires sur vélin de Rives, celui-ci nominatif.

19 novembre 2010

Derrière le Sâr, Joséphin Péladan : un auteur à redécouvrir

Le milieu du XIXe siècle voit éclore en France un engouement pour l'occultisme et le spiritisme importé des États-Unis. De nombreuses associations à caractères ésotériques fleurissent dont l'ordre kabbalistique de la Rose-Croix fondé en 1889 par Stanislas de Guaita et Joséphin Péladan. Ce dernier, jeune auteur aux allures d'excentrique, s'est fait connaître avec la parution en 1884 du Vice Suprême. Dans ce premier roman, Péladan dénonce la société matérialiste moderne, fustige le naturalisme à la Zola et propose un renouveau artistique par les voies du romantisme et de l'occultisme. Si le personnage est parfois moqué, son talent et son discours séduisent quelques grandes figures de l'époque : Barbey d'Aurevilly qui rédige d'ailleurs la préface du Vice Suprême, Erik Satie et Claude Debussy, tous deux membres de l'Ordre de la Rose-Croix (Satie fut le compositeur officiel de l'Ordre).  Rapidement, le catholicisme virulent de Péladan provoque la rupture avec Stanislas de Guaita.
En 1890, Péladan, qui se fait alors appeler le Sâr Mérodack Joséphin Péladan, crée une société dissidente, l’Ordre de la Rose-Croix catholique et esthétique du Temple et du Graal. En 1892, il organise le premier Salon de la Rose-Croix à la galerie parisienne Durand-Ruel. Parmi les artistes exposés : Armand Point, Fernand Khnopff, ou Alexandre Séon. En 1897, après le sixième et dernier salon de la Rose-Croix, Péladan met à un terme à ses activités, estimant que ses positions ont été transmises et reconnues. Il s'assagit, rédige des critiques d'art qui lui permettent subsister et meurt dans l'oubli en 1918.
Le personnage fantasque du Sâr marque de son empreinte le XIXe siècle, mais cache encore trop la qualité d'écrivain de Joséphin Peladan.

Frontispice de F. Rops
Actuellement, la librairie Loliée propose les éditions originales suivantes :
  •  Le Vice suprême. Préface deJules Barbey d’Aurevilly. Frontispice de Félicien Rops. Paris, Librairie des Auteurs Modernes, 1884,  in-12, demi-maroquin bordeaux à coins, dos à nerfs, tête dorée, couverture et dos conservés (Blanchetière). Édition originale. Frontispice de Félicien Rops, préface de Barbey d’Aurevilly.
  • Sémiramis. S.l. [Beauvais], s.d. [Imprimerie professionnelle], s.d. [après 1896], in-4, broché. Édition originale.  Exemplaire sur Japon. Appartenant au cycle des œuvres écrites sur des thèmes classiques revisités par Péladan, Sémiramis, pièce écrite par Sarah Bernhardt, fut jouée pour la première fois en plein air dans les arènes d’Orange.
  • La Philosophie de Léonard de Vinci d’après ses manuscrits. Paris, Félix Alcan, 1910,in-12, demi-basane maroquinée noire à coins, dentelles à froid sur les plats, dos lisse orné de filets et motifs dorés, couverture conservée (reliure d’époque). Édition originale dont il n’a pas été tiré de grand papier.

10 novembre 2010

Quand Swarte expose la futilité des aspirations humaines

ENFIN!
La vie n'est qu'une longue bataille pour l'argent, la chair, et le pouvoir, pour la lumière et l'inspiration... pour finir irrémédiablement comme cadavre démuni, décharné et désarmé dans la terre noire, inspiration pour les vers et les chrysanthèmes. Enfin... la liberté. La futilité des aspirations humaines, l'ironie des résultats, qui sont les négatifs des ambitions, étaient l'inspiration de Swarte pour ce porfolio.

C'est sur ces lignes que s'ouvre le portfolio publié en 1981 chez Futoropolis de Joost Swarte. L'illustrateur néerlandais, digne représetant de la ligne claire (style qui caractérise le style épuré à la Hergé), s'est fait connaître en France dans les années 70 grâce à Willem et via la revue Charlie, mensuel des Editions Du Square.
A Consulter : le site internet de l'artiste.


Actuellement, la librairie Loliée propose :
  • Swarte (Joost). Enfin ! Paris, Futuropolis, 1981, portfolio, en feuilles, chemise cartonnée d’éditeur de papier blanc illustrée sur le premier plat.Édition originale de ce portfolio orné de 8 planches en couleurs par Joost Swarte dont la première numérotée et signée par l’artiste.

03 novembre 2010

Flagrant délit : quand A. Breton dénonce La Chasse Spirituelle

En 1949, dans un pamphlet intitulé Flagrant Délit, André Breton dénonce et revient sur une des plus comiques supercheries littéraires du XXe siècle. Le 19 mai de la même année, le Mercure de France, sous la houlette de Maurice Saillet et Pascal Pia, publiait un manuscrit perdu d'Arthur Rimbaud : La Chasse Spirituelle. Dans la préface de l'ouvrage, Pascal Pia mettait en avant les parallèles des œuvres précédentes du jeune poète et de ces pages. Breton fut le premier à s'insurger et à démontrer que ces écrits étaient trompeurs et parodiques :
Même si l'abus de confiance ne dure qu'une seconde, il y a eu préjudice porté à l'innocence - innocence sans laquelle il ne saurait y avoir d'appréhension affective de l'œuvre d'art et qui nous quitte au soupçon d'un piège.
Le Mercure de France retira le livre de la vente et donna les bénéfices de cette édition au Musée Rimbaud. Les auteurs de cette supercherie, les comédiens Nicolas Bataille et Akakia Viala, finirent par se dénoncer et expliquer leur motivation : le spectacle qu'ils avaient créé en 1948, une adaptation d'Une Saison en enfer, avait été démoli par la critique établie et ils voulurent piéger leurs détracteurs.
On sait désormais que le manuscrit La Chasse Spirituelle n'a probablement jamais existé. Ce titre fut inventé par Paul Verlaine pour désigner une correspondance compromettante avec Rimbaud, découverte par sa femme Mathilde, et dont il souhaitait qu'elle ne soit pas utilisée dans une procédure de divorce.

Actuellement, la librairie propose :
  • [Rimbaud (Arthur)]. La Chasse spirituelle. Introduction de Pascal Pia. Paris, Mercure de France, 1949, in-8 carré, broché. Édition originale. Exemplaire sur vélin pur fil.
  • Breton (André). Flagrant Délit. Rimbaud devant la conjuration de l’imposture et du trucage. Paris, Thésée, 1949, broché, couverture illustrée. Édition originale. Un des 100 premiers exemplaires numérotés sur vergé de Hollande, signés par André Breton. Bel envoi autographe à Edmond Bomsel.