26 mars 2009

Victor Hugo et la figure d'Olympio

Dans Les Voix intérieures, recueil paru en 1837, apparait le personnage d’Olympio, double de Victor Hugo. Cette figure est emblématique de ce que doit représenter le poète, un guide pour le peuple et pour les dirigeants. C'est lui qui voit la vérité, l'avenir et qui est chargé de les transmettre. André Maurois, dans sa biographie Olympio ou la Vie de Victor Hugo explique : "Écrire des poèmes d'amour est naturel au jeune homme ; le poète qui approche de la maturité attend de soi-même autre chose. Victor Hugo, entre 1836 et 1840, s'inquiète de ne jouer aucun rôle public. Chanter les bois, le soleil et Juliette [Drouet], ce fut bien, mais ne saurait remplir toute la vie d'un homme qui veut "être un esprit conducteur". La critique de la Revue des Deux mondes n'apprécie guère cet Olympio et Gustave Planche écrit dans le numéro du 15 juillet 1837 : "Il est fâcheux que le nom d'Olympio soit absolument impossible ; mais l'intention de M. Hugo, en créant ce barbarisme, est assez manifeste. Il est évident que, dans sa pensée, l'idée de lui-même s'associe à l'idée du Jupiter Olympien [...] M. Hugo n'est plus capable de clairvoyance, il a trouvé en lui-même un prêtre et un autel..." L'année de la parution des Voix Intérieures, Hugo fait seul un pèlerinage aux Metz, lieu de ses amours clandestines avec Juliette Drouet. Dans le recueil Les Rayons et les Ombres, paru en 1840, Hugo utilise à nouveau son double poétique dans "La tristesse d'Olympio". L'éternelle beauté de la nature contraste avec la souvenance du bonheur passé. Avec ces vers, Hugo écrit un monument de la poésie romantique. Mais, comme le précise Maurois : "La critique, pas plus que Juliette Drouet, ne reconnaissait alors la perfection de ce qui lui était jeté avec une magnifique profusion".
(portrait Victor Hugo : © Bibliothèque de l'Assemblée Nationale - photo Irène Andréani)

Actuellement, la librairie Loliée propose :
  • Hugo (Victor). Les Voix Intérieures. Poésie. Œuvres complètes. VI. Paris, Eugène Renduel, 1837, in-8, reliure d’époque. Édition originale.
  • Hugo (Victor). Les Rayons et les Ombres. Poésie. Œuvres complètes. VII. Paris, Delloye, 1840, in-8, belle reliure de Mercier. Édition originale. Exemplaire enrichi d'une longue lettre autographe de Sophie Gay à Victor Hugo dans laquelle elle fait l'éloge de ce recueil, datée Versailles le 21 May 1840 (3 pp. in-8).
  • Maurois (André). Olympio ou la Vie de Victor Hugo. Paris, Hachette, 1954, in-8, broché. Edition originale. Un des 60 premiers exemplaires sur Hollande.

18 mars 2009

Ionesco et l'Absurde

La première pièce de Ionesco, La Cantatrice Chauve, créée en France en 1950, déroute la critique conservatrice. Les pièces suivantes ne connaissent pas plus de succès. L’absence d’intrigue, la dégradation du langage, perçus d’abord comme des provocations, assurent peu à peu à Ionesco la notoriété d’un auteur d’avant-garde. La reconnaissance vient en 1960 lorsque Jean-Louis Barrault monte Rhinocéros au théâtre de L'Odéon. Béranger, le protagoniste est un double métaphorique de l'auteur et apparait pour la première fois dans Tueurs sans gages en 1959 et puis dans Le Roi se meurt en 1962. Avec La Soif et La faim, crée en 1965 à la Comédie Française, Ionesco poursuit son analyse de grands thèmes métaphysiques. Dans cette courte pièce en trois épisodes, l'auteur décrit la religion comme l'expression d'un conformisme, une aliénation de l'idéalisme aux classes dirigeantes.
Pour comprendre le théâtre de Ionesco, il faut se plonger dans Notes et contre-notes, ouvrage paru en 1962, dans lequel l'auteur revient sur les fondements et la portée de ce comique de l'absurde :
« Je n’ai jamais compris, pour ma part, la différence que l’on fait entre comique et tragique. Le comique étant l’intuition de l’absurde, il me semble plus désespérant que le tragique. Le comique n’offre pas d’issue. »

Les exemplaires que propose la librairie de La Soif et la Faim et de Notes et Contre-Notes, sont dédicacés au peintre Byzantios et à son épouse. Ionesco préfaça deux des expositions - en 1962 et 1972 - de l'artiste grec dont il défendait l'univers pictural qu'il qualifiait de spirituel.

Actuellement, la librairie Loliée propose en éditions originales de Ionesco :
  • Notes et contre-notes. Paris, Gallimard, collection « Pratique du Théâtre », 1962, in-8, broché. Édition originale enrichie d’un envoi autographe signé de l’auteur à Denise Byzantios, épouse du peintre.
  • La Photo du Colonel. Paris, Gallimard, 1962, in-12, broché.
  • Édition originale enrichie d’un envoi autographe signé à Madame Andrée Hubert Martin.
  • La Soif et la faim. Paris, N.R.F., 1965, in-8, broché. Édition originale de ce rare tiré à part de la NRF. Exemplaire enrichi d’un envoi autographe signé au peintre Byzantios.
  • Présent Passé Passé Présent. Paris, Mercure de France, 1968, in-8, broché, couverture illustrée d’un portrait photographique de l’auteur. Édition originale. Un des 60 exemplaires sur vélin pur fil Navarre, seul grand papier.
  • Découvertes. Illustrations de l’auteur. Genève, Albert Skira, collection « Les sentiers de la Création », 1969, in-8, reliure et étui d’éditeur. Édition originale ornée d’illustrations en noir et en couleurs. Exemplaire numéroté.

12 mars 2009

Les reliures de Sandra Aftalion

Après des études à l’école du Louvre, Sandra Aftalion passe six ans aux Ateliers d’Art Appliqués du Vésinet (A.A.A.V) où elle apprend les techniques de la reliure. Elle parfait sa formation en suivant des cours de dorure avec Alain Coutret, puis se spécialise dans l’art de la marqueterie. Ce sont les reliures en bois qui font la marque de fabrique de Sandra Aftalion. Son travail en transparence est unique. Elle superpose des couches de bois précieux poncés qu'elle mixe à des encres naturelles pour rendre un effet résolument moderne et délicat.


Retrouvez actuellement un choix de reliures de Sandra Aftalion en exposition à la librairie Loliée.

A consulter : le site de Sandra Aftalion.

04 mars 2009

Quiet days in Clichy avec Henry Miller

Quiet Days in Clichy (Jours tranquilles à Clichy), publié en 1956, est une promenade au cœur des nuit parisiennes des années folles. Dans ce roman autobiographique, Henry Miller relate sa vie avec son colocataire Carl et évoque ses conquêtes féminines. On retrouve dans le récit la tonalité de l'auteur, entre pudeur des sentiments et crudités du langage, qui lui valut de provoquer la critique. Les photographies contrastées de Brassaï, qui illustre l'édition originale, résonnent parfaitement avec l'univers de Miller.
Le récit fut adapté deux fois au cinéma : en 1970, sous la direction de l'artiste Jens Jørgen Thorsen qui s'appuie sur le texte pour évoquer la liberté sexuelle des années post-68, et en 1990 par Claude Chabrol qui se concentre plutôt sur la dimension autobiographique.

"I had no particular desire to go anywhere. I strolled over to the Etoile, which was only a few blocks away, and then instinctively headed down the Champs-Elysées in the direction of the Tuileries, thinking to stop somewhere along the line and have a black coffee. I felt mellow, expansive and at peace with the world."
Henri Miller - extrait de Quiet days in Clichy.



Actuellement, la librairie Loliée propose :
  • Miller (Henri). Quiet Days In Clichy. Photographs by Brassaï. Paris, The Olympia Press, 1956, in-12. Édition originale.