03 novembre 2010

Flagrant délit : quand A. Breton dénonce La Chasse Spirituelle

En 1949, dans un pamphlet intitulé Flagrant Délit, André Breton dénonce et revient sur une des plus comiques supercheries littéraires du XXe siècle. Le 19 mai de la même année, le Mercure de France, sous la houlette de Maurice Saillet et Pascal Pia, publiait un manuscrit perdu d'Arthur Rimbaud : La Chasse Spirituelle. Dans la préface de l'ouvrage, Pascal Pia mettait en avant les parallèles des œuvres précédentes du jeune poète et de ces pages. Breton fut le premier à s'insurger et à démontrer que ces écrits étaient trompeurs et parodiques :
Même si l'abus de confiance ne dure qu'une seconde, il y a eu préjudice porté à l'innocence - innocence sans laquelle il ne saurait y avoir d'appréhension affective de l'œuvre d'art et qui nous quitte au soupçon d'un piège.
Le Mercure de France retira le livre de la vente et donna les bénéfices de cette édition au Musée Rimbaud. Les auteurs de cette supercherie, les comédiens Nicolas Bataille et Akakia Viala, finirent par se dénoncer et expliquer leur motivation : le spectacle qu'ils avaient créé en 1948, une adaptation d'Une Saison en enfer, avait été démoli par la critique établie et ils voulurent piéger leurs détracteurs.
On sait désormais que le manuscrit La Chasse Spirituelle n'a probablement jamais existé. Ce titre fut inventé par Paul Verlaine pour désigner une correspondance compromettante avec Rimbaud, découverte par sa femme Mathilde, et dont il souhaitait qu'elle ne soit pas utilisée dans une procédure de divorce.

Actuellement, la librairie propose :
  • [Rimbaud (Arthur)]. La Chasse spirituelle. Introduction de Pascal Pia. Paris, Mercure de France, 1949, in-8 carré, broché. Édition originale. Exemplaire sur vélin pur fil.
  • Breton (André). Flagrant Délit. Rimbaud devant la conjuration de l’imposture et du trucage. Paris, Thésée, 1949, broché, couverture illustrée. Édition originale. Un des 100 premiers exemplaires numérotés sur vergé de Hollande, signés par André Breton. Bel envoi autographe à Edmond Bomsel.