19 février 2007

Tombeau de Pascin

"Il était toujours coiffé d'un chapeau de feutre rond et rigide dont la coiffe portait le timbre d'un grand spécialiste des "caps". Ce chapeau est inséparable de la silhouette de Pascin, tel que je le revois encore, entre les arbres du clos déjà doré par l'automne. Il venait quelquefois me rendre visite dans le petit village du Multien où j'habite depuis 30 ans. "
C'est ainsi que débute le texte hommage de Mac Orlan à son ami Pascin, dessinateur et peintre qui participa à créer la légende des années folles à Montparnasse.

Pascin, de son vrai nom, Julius Mordecai Pincas, nait en Bulgarie en mars 1885. Il subit l'éducation sévère de son père, un riche marchand. Il se détache rapidement de sa famille et change son nom en Pascin pour ne pas froisser la susceptiblité parternelle. Après avoir fait les écoles d'art de Budapest et de Vienne, Pascin, alors âgé de vingt ans, décide de s'installer à Paris. Ses talents de dessinateur satirique - il a fait ses armes à la revue allemande Simplicissimus - impose très rapidement le respect et l'admiration. S'inspirant de la veine grotesque de Daumier et de Toulouse-Lautrec, Pascin croque la vie nocturne des cabarets parisiens, peuple ses dessins de bourgeois fats et libidineux, de prostituées maquellerelles, androgynes ou prépubères.
Amateur de voyage (aux Etats-Unis où il se réfugie pendant la première guerre mondiale, à Cuba et en Tunisie), Pascin aime aussi à dessiner les scènes du quotidien, s'attarde sur la misère des petits gens.
Toute sa vie, il aura le coeur pris entre deux amours, Hermine, sa femme, et Lucy, un de ses modèles. En quête de compagnie, il organise des fêtes qui font la joie de ses amis, sort beaucoup, boit beaucoup. Il finit par se séparer d'Hermine, n'arrive pas à oublier Lucy qui, depuis leur histoire, s'est mariée. Les années passants, Pascin s'enferme dans le rôle de noceur inpénitent. A la veille d'une nouvelle exposition de ses oeuvres à Paris, il organise une grande soirée puis s'enferme dans son atelier. Il écrit un dernier mot d'adieu à Lucy, s 'ouvre les veines et se pend, le 2 juin 1930.

"Que les jeunes filles qui iront déposer une gerbe de lilas sur la tombe de Pascin se gardent bien de pleurer en esquissant la suprême génuflexion. Que la lumière de leur sourire se pose légèrement sur le tertre fleuri par d'autres mains. Que l'éternité de leur grâce adolescente se mêle à l'adieu quotidien de notre amitié." Ainsi conclue Mac Orlan.

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  • Pascin - Mac Orlan - Tombeau de Pascin, Textes et Prétextes, 1944, grand in-8, broché. Edition comportant 8 gravures originales de Pascin.