27 mai 2011

Le Voeu d'une morte : oeuvre de jeunesse d'Emile Zola

Zola en 1865
C'est en 1899 qu'Emile Zola accepte de faire rééditer par son éditeur Charpentier une oeuvre de jeunesse, Le Voeu d'une morte. Paru en feuilleton dans le Figaro de Villemessant en septembre 1866, ce roman est imprimé pour la première fois chez Achille Faure la même année. L'intrigue avance sur un quiproquo : Daniel Raimbault, reçoit de sa bienfaitrice Blanche de Rionne, agonisante, la mission de veiller sur la fille de cette dernière, Jeanne. Celle-ci devenue adulte, mariée puis veuve, reçoit des lettres anonymes passionnées envoyés secrètement par Daniel. Jeanne les croit de leur ami commun Georges (texte dans son intégralité ici). Le succès n'est pas au rendez-vous. Il faut dire qu'il s'agit d'une oeuvre de commande à laquelle l'auteur se plia à des fins alimentaires.  Il écrit en 1889 au sujet de la réédition chez Charpentier :
Je me décide à la rendre au public, non pour son mérite, certes, mais pour la comparaison intéressante que les curieux de littérature pourront être tentés de faire un jour, entre ces premières pages et celles que j'ai écrites plus tard.
Au roman, Zola adjoint un appendice de quatre nouvelles, les Esquisses parisiennes dont l'amusante "les Repoussoirs" qui relate les aventures de l'entrepreneur Durandeau dont l’entreprise consiste à faire commerce de la laideur. Ainsi, il offre, le temps d'une promenade, les services de repoussoirs qui, par contraste, rehausse le le physique du client ou de la cliente (texte intégral ici).

Actuellement, la librairie Loliée propose :
  • Le Vœu d’une morte. Paris, Achille Faure, 1866, in-12, Bradel demi-percaline à coins rouge, dos lisse orné d’un fleuron doré et date en queue de dos, pièce de titre de maroquin havane, couverture et dos conservés (Champs). Edition originale dont il n'a pas été tiré de grand papier [Carteret, II, 490]
  •  Le Vœu d’une morte. Paris, Charpentier, 1889, in-12 à grandes marges, plein vélin crème à rabats, dos lisse, pièce de titre de maroquin noir, couverture conservée (reliure de l’époque).Seconde édition. Un des 100 exemplaires sur Hollande, seul tirage en grand papier. Ex-libris : Alidor Delzant, exécuteur testamentaire des frères Goncourt.  

19 mai 2011

Claude Cahun : l'écart et la métamorphose

Claude Cahun, née Lucie Schowb (1894-1954) est une artiste et photographe à la démarche singulière. Proche du mouvement surréaliste, elle a réalisé de nombreux photomontages mais est moins connue pour ses autoportraits dans lesquels elle cultive une image du corps féminin androgynie. 

Intimiste, poétique et largement autobiographique, l'œuvre de Claude Cahun, qui s’étale sur une vaste période allant de 1910 à 1954 — peu avant sa mort —, échappe aux tentatives de classification ou de rapprochement. Ce sont sans doute ses autoportraits qui ont suscité le plus d’intérêt. L’artiste s’y sert de sa propre image pour démonter un à un les clichés associés à l’identité. Claude Cahun s’est réinventée à travers la photographie (comme à travers l’écriture), en posant pour l’objectif avec un sens aigu de la performance, habillée en femme, en homme, cheveux longs ou crâne rasé (chose des plus incongrues pour une femme de l’époque).

Longtemps méconnue, l'œuvre photographique de Claude Cahun s'est imposée ces dernières années comme l'une des plus originales et des plus fortes de la première moitié du XXe siècle. Elle marque rétrospectivement un jalon capital dans l'histoire du surréalisme tout en faisant écho à l'esthétique contemporaine.
- in dossier de presse de la rétrospective qui se tiendra au Jeu de Paume du 24  mai au 25 septembre 2011.

En 1992, François Leperlier publie un essai bibliographique intitulé "L'écart et la métamorphose". Les trois gravures héliographiques à l'aquatinte, qui accompagnent les 66 premiers exemplaires de cette édition originale, rendent toute l'ambiguité et la poésie de l'artiste : 




Actuellement, la librairie Loliée propose : 
  • Leperlier (François). Claude Cahun. L'Ecart et la métomorphose. Essai. Paris, Jean-Michel Place, 1992, in-8, couverture illustrée à rabats. Édition originale de cet essai sur la photographe Claude Cahun, de son vrai nom Lucy Schwob. Tirage limité à 2000 exemplaires, celui-ci un des 66 premiers comprenant 3 gravures héliographiques à l'aquatinte (3 autoportraits).

12 mai 2011

Quand Eugène Dabit fait le portrait de la fausse bourgeoisie

dessin à l'encre
Eugène Dabit (1898-1936) est surtout connu pour son roman Hôtel du Nord, paru en 1929 et immortalisé au cinéma en 1938 par Marcel Carné. Autodidacte, Dabit se lie d'amité avec les écrivains de l'époque,  Giono, Martin du Gard et Gide. Il partage avec Céline, rencontré en 1933, l'expérience de la misère, celle des tranchées de 14, celle de la banlieue. L'oeuvre de cet écrivain prolétarien est parfois populiste, imprégnée d'un désespoir naturaliste. Villa Oasis ou les faux Bourgeois, paru en 1932, suit Hélène, une femme qui s'installe avec sa mère qu'elle n'a pas connue. Cette dernière vit avec un ancien ouvrier devenu un opulent hôtelier. Dabit fait le portrait de ces "nouveaux riches", de leurs espoirs et leur déchéance.


page manuscrite
Actuellement, la librairie loliée propose : 

  • DABIT (Eugène). Villa Oasis ou les faux bourgeois. Paris, N.R.F., 1932, in-8, Bradel demi-veau écru, pièce de titre de maroquin lavallière, tête dorée, non rogné, couverture et dos conservés (Asper, Genève). Édition originale. Tirage à 331 exemplaires, celui-ci un des 109 réimposées au format in-4 tellière sur Lafuma-Navarre. Exemplaire enrichi d'un envoi, d'un dessin signé à l'encre de Chine et d'une page manuscrite.

05 mai 2011

Vrille : une prise de pouls surréaliste au lendemain de la seconde guerre mondiale

Revue surréaliste parue à la fin de la seconde guerre mondiale, Vrille ne compte qu'un seul numéro. Comme l'explique l'introduction "alibi", le but de cette revue, dirigée par Evrard de Rouvre (héritier d'une immense fortune issue de l'industrie du sucre, qui devint producteur de cinéma avant d'être assasiné en 1979 par son valet de chambre), est de réunir "des textes des illustrations trop peu connus d'un public endormi dans le brouillard grîsatre d'une propagande qui s'attachait à lui démontrer le néant des efforts des hommes qui, durant l'entre-deux guerres, ont tenté de lui ouvrir des horizons merveilleux. Mais "Vrille" s'est surtout attaché à renouer une tradition par-dessus ces quatre années d'obscurité en présentant des textes, jeunes témoins d'une époque bouleversante et de l'espoir de ceux qui ont trouvé, dans le Surréalisme, la force de contribuer à l'oeuvre de reconstruction de la pensée moderne."

On retrouve dans la revue, illustrée de nombreuses reproductions, des figures incourtounables du Surréalisme dont Oscar Dominguez qui signe la couverture illustrée. Parmi les textes, un bel ensemble de Robert Desnos, intitulé "Notes Calixto", dans lequel l'auteur revient sur les influences littéraires surréalistes, l'importance de Mallarmée, nous livre ses réflexions sur la poésie : 
La poésie se paye des mots et elle ne peut le faire autrement. Elle adopte aussi parfois (pas elle mais les faux poètes bien sûr) une attitude lâche devant les plus grandes questions : le bonheur, le devenir des hommes, la nature de l'être. La poésie est plus souvent conciliation que résolution. N'est-il pas possible de renouer les liens entre elle et la science?

Actuellement, la librairie Loliée propose : 

  • [REVUE]. Vrille. La Peinture et la littérature libre. Mantes, s.é., 1945, in-4, broché, couverture rempliée illustrée par Oscar Dominguez. Edition courante. Textes de G. Bataille, E. de Rouvre, R. Desnos, G. Hugnet, H. Michaux etc. Illustrations en noir en en couleurs. de Dominguez, Ernst, Brielle, Picasso, Dali, Tanguy, Chirico...