17 février 2011

"Voyage en Orient" de G. de Nerval : genèse d'une parution

J.-P. Girault de Prangey - Bords du Nil - Daguerréotype © BNF
Dans Voyage en Orient, Gérard de Nerval (1808-1855) a réuni dix années d'expériences, de lectures et d'impressions. En 1842, après une première crise de nerfs attestée et un amour contrarié, Nerval entreprend donc ce voyage et souhaite donner l'impression d'une entreprise sérieuse. Il s'adjoint les service d'un égyptologue, Th. de Fondrède. Il emporte un complet matériel d'explorateur, des produits pour daguerréotype et des livres pour apprendre l'arabe. Son parcours l’emmène à visiter, entre autres, Alexandrie, Le Caire, Beyrouth, Constantinople, Malte. Nerval ne déflore son manuscrit que dans de rares articles et maintient sa bourse en écrivant des feuilletons de théâtre. Du 1er mai 1846 au 15 octobre 1847 paraissent dans la célèbre  Revue Des Deux Mondes les Scènes de la vie orientale. Le texte est repris par Sartorius qui publie en 1848 une première partie avec pour sous-titre "Les Femmes du Caire" et une seconde partie, en 1850,  "Les Femmes du Liban". 
En 1851, Nerval passe un contrat avec l'éditeur Charpentier : Voyage en Orient comprendra le texte publié dans la Revue des deux mondes, la double édition de Sartorius, une version augmentée des "Les Nuits de Ramazan" parue dans la revue Le National, et un ajout de onze chapitres aux "Femmes du Caire". S'ensuivent d'autres variantes et adjonctions, notamment dans "les Pyramides" et "L'Histoire de la reine du matin et de Soliman, prince des génies". C'est ainsi, après moults remaniements que naît  Voyage en Orient, son oeuvre la plus aboutie, et qui rend compte de la nature poétique, symboliste et mystique de Nerval. 
(sources : Bibliographie des oeuvres de G. de Nerval par A. Marie, Guide du Biibliophile par M. Clouzot, Larousse).

Actuellement, la librairie Loliée propose :
  • NERVAL  (Gérard de). Voyage en Orient. Paris, Charpentier, 1851, deux volumes in-12, demi-basane noir, dos à nerfs ornés de fleurons (reliure d'époque). Edition en partie originale. 

10 février 2011

Léon-Paul Fargue, parisien dans l'âme

Léon-Paul Fargue (1876-1947), fils d'une couturière et d'un ingénieur qui ne le reconnut qu'à l'adolescence, fut l'élève de Mallarmé dont il fréquentera plus tard le salon littéraire, et eut parmi ses camarades au lycée Henri IV, Alfred Jarry dont il fut très proche. Beau jeune homme, il mène à la manière d'un Baudelaire une vie de bohème, apprécié pour son humour et son sens de l'observation. Son premier recueil Poèmes, paru en 1905, dénote sa virtuosité et aussi sa gravité (la reconnaissance tardive de  son père puis son décès le marqueront profondément). En 1911, est publié Tancrède, un roman poétique écrit des années plus tôt. Fargue, réformé, ne fait pas la guerre de 1914-1918. Il se rapproche des Surréalistes sans rejoindre le groupe. Il fonde avec P. Valéry et V. Larbaud la revue littéraire Commerce. Parisien dans l'âme, il écrit également des chroniques sur la capitale.  En 1941 paraît Haute Solitude, un de ses plus beaux textes, dans lequel l'auteur dépeint une solitude oppressante noyée dans l'alcool : 
Toute cette vie vécue, éparpillée, fondue, qui se retourne quand je me retourne, qui se baisse quand je me baisse, qui s’endort quand je m’endors. Je la revois souvent, souvent, je la reçois comme un élancement, et je m’y perds, comblé d’espérances instantanées qui m’assaillent et me quittent. 
En 1935, Fargue épouse Chériane, une artiste peintre, qui s'occupera de lui lorsque, en 1943, il est frappé d'hémiplégie. Fargue ne cesse pas d'écrire. Méandres publié un an avant sa mort, raconte avec une verve lyrique et pittoresque  le Paris des années 20 et de la Libération. 
(sources : wikipedia, association Léon-Paul Fargue)

Actuellement, la librairie Loliée propose les éditions originales suivantes de L.-P. Fargue :

  • Haute Solitude. Paris, Éditions Emile-Paul Frères, collection l’Émilienne 1941, in-12, broché. Un des 20 exemplaires sur Hollande.
  • Pour la musique. Tancrède suivie de Ludions. Paris, Gallimard collection « Métamorphoses », 1943, in-12, broché. Un des 2200 exemplaires sur Châtaignier. Exemplaire enrichi d’un bel envoi autographe signé de l’auteur à l’écrivain et critique Maurice Saillet, « Satrape » du Collège de Pataphysique. Annotations de la main de Saillet in texte. Bien complet du bandeau d’éditeur.
  • Méandres. Genève - Paris - Montréal, Éditions du Milieu du Monde, 1946, in-12, demi-maroquin tabac, dos lisse, tête dorée, non rogné, couverture et dos conservés. Tirage à 145 exemplaires, celui-ci un des 130 sur volumineux blanc spécial.
  • Dîners de Lune. Paris, Gallimard, 1952, in-12, broché. Un des 25 premiers exemplaires sur Hollande. 
  • Pour La Peinture. Paris, Gallimard, 1955, in-12, broché. Un des 25 premiers exemplaires sur Hollande. 

03 février 2011

Di Rosa est libre, dixit Ben

Hervé Di Rosa, né en 1959 à Sète, fut avec son frère Richard Di Rosa, François Boisrond, Rémi Blanchard et Robert Combas l'un des principaux artisans du mouvement français de la « Figuration libre », renouveau de la peinture dans les années 1980, une peinture décomplexée empruntant souvent à la BD, au rock et au graffiti. Dans une monographie humoristique, parue en 1983 et limité à 120 exemplaires, Ben signe une préface dans l'esprit de l'époque :
Di Rosa est libre
- de bander le emrcredi à 11h30
- de dire à un marchand "dégage mon petit tu me fais de l'ombre"
- de crier : je suis riche après avoir vendu sa première toile
- de copier ses copieurs
- de pisser sur un mur de galerie
- de boire un verre de lait à la grenadine
- de dire "je suis Mandrax et vous allez voir ce que vous allez voir
- d'aimer les films qui font peur
- de vivre à poil dans une chaufferie à mazout
Mais, Di Rosa n'est pas libre de ne pas rougir si une jeune fille lui dit
je t'aime

Actuellement la librairie Loliée propose : 

  • [DI ROSA (Hervé)]. Di Rosa. Préface de Ben. Photos Louis Jammes. Paris, Le Dernier Terrain Vague, 1983, in-4, reliure toilée rouge d’éditeur. Édition originale comprenant un cahier de 8 pages imprimé en sérigraphie et complété par des dessins originaux en couleurs de Hervé Di Rosa et des estampillages des linogravures. Tirage limité à 120 exemplaires numérotés et signés par l’artiste.  
(source : wikipedia)